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La bataille de Ait Yahia Moussa(Tizi-Ouzou), un repère indélébile de la mémoire
Publié dans L'Expression le 25 - 10 - 2012

Pour ce qu'ils évoquent dans la mémoire collective, il est de ces lieux et dates qui resteront gravés à jamais dans l'histoire. Ait Yahia Moussa est un de ces repères indélébiles de la mémoire pour avoir été, le 06 janvier 1959, le théâtre d'une âpre bataille livrée par l'Armée de libération nationale à la soldatesque coloniale.
Ayant appris que cette localité de la zone IV de l'ex- wilaya III historique, qualifiée par les moudjahidine de citadelle imprenable, se préparait à abriter une importante réunion de coordination devant regrouper les colonels Amirouche (wilaya III), M'hamed Bougara (wilaya IV) et Si El Houes (wilaya VI), l'ennemi a mis au point une opération de grande envergure pour capturer ces responsables et étêter la Révolution de ses dirigeants.
Selon des témoignages de moudjahidine recueillis dans un document d'un séminaire national consacré par l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) aux grandes batailles de la guerre de libération nationale, ce jour là, les forces coloniales ont mis en branle une machine de guerre infernale composée de plusieurs milliers de soldats armés jusqu'aux dents et appuyés par l'artillerie et l'aviation, contre un millier de moudjahidine faiblement armés, mais animés d'une foi inébranlable en la justesse de leur cause qu'est la libération de L'Algérie du joug colonial.
Les rescapés de cette apocalypse s'en souviennent : pour tenter de déloger les éléments de l'ALN positionnés sur les crêtes surplombant les villages d'Ait Yahia Moussa, l'ennemi usa l'artillerie à partir des camps de Tazrout, Timzrit et Cantina, avant que ne commencent les attaques au moyen d'avions de combat qui larguèrent des bombes et du Napalm jusqu'à la tombée de la nuit.
Des hélicoptères «Bananes » ont été utilisés pour le cheminement sur les crêtes des éléments de reconnaissance qui, une fois ayant repéré les maquisards, se repliaient pour laisser place aux bombardements par l'artillerie et l'aviation.
Pour se dépêtrer de ce déluge de bombardement, les moudjahidine poursuivaient ces éclaireurs dans leurs retraits. Les combats furent rage, plus particulièrement à Ighil L'vir et Tizi- Guezguarene. Leur avantage numérique et leur suréquipement ne suffisant pas à les sécuriser, les militaires coloniaux et leurs supplétifs légionnaires prenaient des anesthésiants pour surmonter leur peur.
Après la mort du sinistre Graziani, capitaine des paras tué par un fidai dans un corps à corps, les bombardements et les tirs à l'artillerie s'intensifièrent aveuglément, au point ou l'ennemi prit pour cibles ses propres éléments qu'il ne distinguait plus des moudjahidine. A la tombée de la nuit, des avions se relayaient en lâchant des fusées éclairantes qui illuminaient le champ de bataille.
Pour sortir de cet étau, les maquisards étaient contraints de ramper sur de longues distances. La population civile n'a pas été épargnée par l'ennemi qui l'a utilisée comme bouclier humain et pour le transport de sa logistique.
Furieuses après les pertes qu'elles ont essuyées sur le champ de bataille, estimées à plusieurs centaines de soldats tués, les forces coloniales déclenchèrent des massacres en série, et 26 civils ont été gazés dans une grotte du village de Hidoussa un des nombreux crimes de guerre commis en Algérie dont ne peut s'enorgueillir la soldatesque coloniale.
Selon le témoignage du moudjahid Bendif Rabah, l'un des rares survivants de cette infernale bataille, des femmes de la région ont été capturées et emmenées à la caserne de Draa- El Mizan, avant d'être relâchées dans la tenue d'Eve, pour avoir recueilli et soigné des maquisards brûlés au napalm.
Fidele à son cynisme et pour tenter de laver l'affront essuyé par ses troupes durant cette bataille, la propagande ennemie annonçait le lendemain avoir éliminé 300 «Fellaga » à Ait Yahia Moussa, histoire de remonter le moral de ses troupes durement malmenées.
Lors de la cérémonie d'inhumation des chouhada, le colonel Amirouche, cité par le moudjahid Bendif ayant pris part à cette bataille, avait déclaré, alors, certes, nous n ‘avons pas le choix des armes et des lieux du combat, et malgré les lourdes pertes humaines que nous avons subies, nous sommes, encore une fois, sortis victorieux.
Et le farouche commandant de la wilaya III historique de poursuivre : « il faut supporter cela et en rire même, car pas plus loin qu'hier, un seul garde champêtre nous tenait à sa merci, en procédant à la fouille du village dans la terreur, mais aujourd'hui avec des milliers de soldats munis d'armes sophistiquées, d'avions et de pièces d'artillerie, l'ennemi n'a pas pu maîtriser la situation ».


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