Le gouvernement cherche-t-il à amadouer l'intersyndicale ? Oui, si l'on se fie à la dernière instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ordonnant au ministre du Travail de recevoir les syndicats autonomes, demain lundi, à l'occasion d'une journée d'information sur le code du travail. Selon nos informations, Sellal a particulièrement insisté auprès de Mohamed El Ghazi pour qu'il engage le plus vite possible des discussions sereines et apaisées avec les représentants des syndicats autonomes. Une main tendue difficilement envisageable jusque-là ! Le gouvernement, faut-il le rappeler, n'a jamais caché le peu de crédit qu'il accorde aux organisations syndicales qui n'entrent pas dans son giron. Bien au contraire, ces dernières ont été de tout temps exclues voire même combattues. Et ce n'est pas faute de crédibilité. Pourquoi alors cet appel du pied ? Sans doute conscient des menaces que fait peser cette organisation autonome sur la «paix sociale», l'exécutif pressé de toutes parts veut éviter une confrontation susceptible d'alimenter davantage la colère populaire. Les appels des syndicats autonomes à renouer avec la protesta, en observant des grèves cycliques à partir de 28 janvier, fait craindre le pire à un exécutif décrié et pris de panique. «C'est une manière pour le gouvernement de désamorcer la crise sociale», croit déceler d'emblée Meziane Meriane. Joint au téléphone, le président du Snapest ne se fait pas d'illusion. «Nous irons à cette journée d'étude organisée par le ministère du Travail mais sans trop d'espoir», explique-t-il non sans afficher un certain étonnement quant à cette invitation. «Notre souci majeur demeure la loi sur la retraite. Or, sur ce plan, le décret portant promulgation de cette loi a été publié au Journal officiel le 31 décembre 2016. Ce qui ne nous laisse aucune illusion quant à la révision de cette loi», ajoute-t-il, en avouant ne pas comprendre la démarche du gouvernement. «Même s'ils nous appellent pour parler du code du travail et, éventuellement, lui apporter des enrichissements pourquoi le gouvernement le fait-il maintenant ? Pourquoi avoir perdu tout ce temps en sachant que nous avons nous-mêmes appelé à un large débat, il y a de cela quelques mois déjà», se demande notre interlocuteur qui affirme que «l'intersyndicale ne fermera jamais les portes du dialogue à condition que le gouvernement garde une certaine cohérence dans ses différentes démarches». En manque d'anticipation et de projection, l'exécutif semble péniblement maîtriser le cours des choses. Devant la colère qui gronde et menace, il multiplie les signaux d'apaisement mais sans véritablement parvenir à proposer autre chose que l'austérité. Les mesures contenues dans la loi de finances 2017 font maintenir une pression permanente sur des populations dont le pouvoir d'achat est mis à rude épreuve. L'augmentation des prix de plusieurs produits et les nouvelles taxes entrées en vigueur ce janvier 2017 sont source de tous les mécontentements. Les responsables le savent : rien ne dit que le front social ne vire pas vers des actions radicales pour se faire entendre. Les émeutes de Béjaïa, de Bouira et de Boumerdès, début janvier, ne font que confirmer ces incertitudes.