L'atmosphère de crispation qui règne entre le gouvernement et ses partenaires sociaux suscite l'incompréhension et la peur des citoyens... L'intersyndicale s'est réunie, hier, au siège du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), dans un contexte très difficile dont le marqueur principal est constituée par les événements qui ont secoué la wilaya de Béjaïa durant la semaine écoulée. Cette fois-ci n'est pas comme les autres, les membres de l'intersyndicale ont passé plusieurs heures de débats et de concertation avant la publication du communiqué final sanctionnant les travaux de cette réunion. Les syndicats de trois secteurs sensibles: l'éducation, la santé, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique annoncent une nouvelle vague de protestations. Les 13 syndicats ont pris la décision de revenir à la charge en décrétant une journée de protestation pour le 28 janvier prochain, avec des rassemblements régionaux programmés dans quatre wilayas, Blida, Ouargla, Batna et Sidi Bel Abbès. La décision est prise après un long débat entre les membres de l'intersyndicale, qui arrivent enfin à converger leurs idées et prôner le recours à la rue pour faire entendre la voix des travailleurs devant la fermeture de tous les canaux de la communication par le gouvernement. Afin de mettre la pression sur le gouvernement, les syndicats en question menacent de durcir encore le ton et de radicaliser leur mouvement pour faire valoir leur plate-forme de revendications. La retraite proportionnelle, le projet du Code du travail et l'érosion du pouvoir d'achat des travailleurs sont les points phares contenus dans la plate-forme de revendications soulevées par les syndicats et à laquelle le gouvernement refuse toujours de donner suite. Le front estime que le projet de loi portant Code du travail tel que présenté par le gouvernement et les nouvelles dispositions introduites dans le document visent à rétrécir le champ des libertés et dénonce avec vigueur sa marginalisation dans l'élaboration de ce projet «préparé dans l'ombre». Pour le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, «les décisions du gouvernement sont irrévocables» et l'intersyndicale juge que seule la «lutte gagne», le bras de fer entre les deux parties risque de prendre une nouvelle dimension qui replonge le pays dans la déstabilisation dont le citoyen payera la facture très chère. Aux conditions de vie difficiles s'ajoute la grève des travailleurs dans plusieurs secteurs d'activité, l'Education nationale, la santé, l'administration publique, l'enseignement et formation professionnelle et autres, aussi l'année 2017 ne sera pas de tout repos pour le gouvernement qui est appelé à la fois à gérer la situation économique du pays et le front social en ébullition. L'atmosphère de crispation qui règne entre le gouvernement et ses partenaires sociaux a suscité l'incompréhension et la peur des citoyens...Grève paralysante, service public de mauvaise qualité, le citoyen est le seul à payer la facture du clivage opposant les syndicats au gouvernement. La nouvelle annoncée par l'intersyndicale, portant sur la poursuite de leur mouvement de contestation dans les différents secteurs, s'est vite répandue comme une traînée de poudre au sein de la société dont les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer pour mettre fin à cette crise qui perdure et alléger son impact sur leur quotidien s'interrogeant sur le sort qui leur serait réservé une fois que la grève serait déclenchée. Face à cette situation, les citoyens dénoncent à la fois l'«irresponsabilité» de l'intersyndicale et «l'incapacité» du gouvernement à expliquer sa démarche au citoyen, en exprimant son inquiétude pour le devenir du pays qui souffre d'une «crise financière aiguë». Les citoyens se posent des questions et tentent des réponses à des interrogations à l'infini. «Certes, l'intersyndicale s'est engagée dans la défense des acquis et des intérêts des travailleurs. Où est le problème? Ils protestent parce qu'ils revendiquent leurs droits, mais il faut penser aussi à l'intérêt du citoyen et à la situation dans laquelle se trouve le pays et les menaces de déstabilisation», explique Saïd, la quarantaine, avant d'être interrompu par son compagnon Mohamed «on est dans une crise de communication, aucune des deux parties n'est à l'écoute de l'autre. Il n'y a pas de problème sans solution, il faut juste, s'asseoir et discuter, en particulier dans cette période difficile», a-t-il souligné. Enfin, les ingrédients d'une explosion sociale sont donc réunis, Abdelmalek Sellal et son gouvernement sont appelés à jouer la carte de l'apaisement pour garantir la stabilité dont le pays a besoin. Pour rappel, le gouvernement a déjà proposé l'élaboration d'une liste de métiers pénibles dont les fonctionnaires bénéficieront des dispositions légales, chose qui a été refusée pour les syndicats qui considèrent l'ordonnance 97-13 comme une ligne rouge à ne pas franchir, en alertant le gouvernement sur les conséquences que pourrait engendrer son adoption.