Se sentant visé par les déclarations du ministre de l'Intérieur, Nouredine Bedoui, et ses menaces contre les partis qui ont décidé de boycotter les élections législatives, le parti d'Ali Benflis, Talaie El Hourriyet, signe une réaction au vitriol. Qualifiant ces déclarations «d'affligeantes et très peu inspirées», ce parti a estimé que sa décision «de ne pas participer à la prochaine échéance législative a manifestement fait très mal au régime politique en place». Le ministre de l'Intérieur avait menacé, il y a quelques jours, de retirer les agréments aux partis qui boycottent les élections. «Nous ne délivrons pas d'agréments pour participer uniquement aux élections présidentielles», avait lancé Bedoui, dans une allusion à peine voilée à l'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis. Ce dernier semble avoir bien compris le message et sa réaction, à travers le communiqué signé par le porte-parole du parti, Ahmed Adimi, ne s'est pas fait attendre. «Ces déclarations ont dévoilé une vision paternaliste de l'opposition, une infantilisation de l'action politique et une transformation des élections en transaction. Ces déclarations témoignent aussi d'une volonté du régime politique en place de faire franchir un nouveau cap à sa tentation de régenter toute la vie politique nationale», souligne Talaie El Hourriyet dans un communiqué rendu public hier. La réaction est un procès en règle contre le régime politique qui, selon le communiqué, «n'est jamais autant inspiré, créatif et imaginatif que lorsqu'il s'agit de brimer les libertés, de restreindre les droits civiques et politiques et de vider le pluralisme politique de son sens et de sa raison d'être». Dans sa réplique, Talaie El Hourriyet a affirmé que la création de partis politiques est un droit constitutionnel et non pas «une aumône dont s'acquitte l'administration». Il a rappelé que les partis politiques sont des entités souveraines. «Non content de soumettre déjà les partis politiques à tous ces diktats, nos gouvernants annoncent, sans le moindre sens de la mesure, leur intention de faire les choix politiques à leur place et de les contraindre à prendre part à des compétitions politiques opaques, injustes et déloyales, et à être présents dans des scrutins marqués du sceau des faux et de l'usage du faux et de l'arbitraire», dénonce-t-il. Pour le parti de Benflis, l'Algérie n'a pas besoin d'un «code pénal électoral». Il soutient que le problème de la participation ou de la non-participation aux élections cessera définitivement de se poser dès lors que la compétition politique aura été réconciliée avec les valeurs de justice, de loyauté et d'égalité des chances, et que les scrutins se dérouleront dans la sincérité, la régularité et la transparence. «La participation ou la non-participation aux processus électoraux est un mal récurrent de notre système politique», affirme le parti de l'ancien candidat aux présidentielles de 2004 et 2014. Ce phénomène s'explique, selon lui, «par la tricherie politique et la fraude électorale notoires dont sont systématiquement entachés tous ces processus». Talaie El Hourriyet tranche que les prochaines élections législatives sont de très peu d'intérêt «pour ceux que préoccupent au plus haut point les défis politiques, économiques et sociaux qui assaillent notre malheureux pays de toutes parts et qui restent en jachère».