Les syndicats autonomes ne reculent pas dans leur combat contre la réforme de la retraite, bien que la nouvelle loi soit entrée en vigueur depuis le 1er janvier. Après les marches, les rassemblements et les grèves, l'intersyndicale autonome de la Fonction publique va à la recherche d'émargements de travailleurs en faveur d'une pétition pour le retrait du texte. La campagne lancée hier vise à accompagner la requête déjà adressée au chef de l'Etat par les syndicats. A travers les sections locales des 12 organisations membres issues de différents secteurs comme l'éducation, la santé et l'administration publique, l'intersyndicale entend mobiliser «un million de signatures». Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), explique la démarche : «L'objectif de la pétition est d'accompagner la requête que nous avons adressée au président de la République, après le vote de la loi sur la retraite par le Parlement, afin qu'il use de ses prérogatives constitutionnelles pour la geler», soutient le Dr Merabet, joint hier au téléphone. À travers cette énième démarche, l'intersyndicale qui reste attachée au combat pacifique par les moyens et canaux légaux entend arracher non pas une remise en cause entière de la loi, mais un gel qui lui permettra d'être associée à sa révision, notamment en ce qui concerne la retraite proportionnelle et sans condition d'âge. «Il s'agit d'offrir aux syndicats l'occasion de participer, aux côtés du ministère du Travail, à la révision et au réajustement du texte, pour enfin arriver à une loi consensuelle», dira encore le président du Snpsp, non sans rappeler que «les difficultés de la Caisse des retraites concernent en premier les travailleurs». «Ce sont nos caisses, pas les caisses de l'Etat», tranche le syndicaliste. Mais la loi est entrée en vigueur après sa publication au Journal officiel et le président Bouteflika aurait pu intervenir bien avant, s'il y avait volonté de faire marche arrière, si l'on excepte l'amendement oral apporté au texte. À cette question, M. Merabet ne ferme pas les portes de l'espoir, expliquant qu'au sein de l'intersyndicale, «nous gardons espoir que le premier magistrat du pays intervienne, comme cela s'est passé pour pas mal de lois votées puis gelées». La campagne pour un million de signatures n'est pourtant pas synonyme de recul quant au combat sur le terrain. Bien au contraire, «l'Intersyndicale, précise le président du Snpsp, est dans une logique de protestation». Le 28 janvier, des sit-in régionaux seront organisés dans quatre wilayas, malgré le discours officiel entretenu par le Premier ministre Abdelmalek Sellal et son ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, qui tend vers l'apaisement et le dialogue. Une réunion d'évaluation se tiendra le 4 février pour décider des suites à donner au mouvement. S'agissant des détails de la pétition, les feuilles d'émargement portent un entête reprenant les raisons de cette action. Outre la remise en cause de ce que l'intersyndicale considère comme «acquis», l'exclusion des syndicats autonomes de la tripartite et la fermeture des portes d'un «véritable» dialogue, les initiateurs dénoncent «la disparité entre les caisses de retraite (fonctionnaires, cadres, militaires)» et «la saignée des cadres qui hypothèque l'avenir des générations».