L'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO) aborde la phase la plus critique de son existence. Les positions opposées de ses membres quant aux prochaines élections législatives, entre participants et boycotteurs sont telles que l'avenir de l'Instance est compromis. La réunion qui aura lieu aujourd'hui au siège du MSP sera marquée par plusieurs défections. «On n'est pas concernés par cette réunion», clame Sofiane Djilali, président de Jil Jadid. Selon lui, cette réunion ne fait pas l'unanimité parmi les membres de l'ICSO. «On ne peut pas discuter des élections alors que l'ICSO n'en a pas pris position en tant que tel», a-t-il expliqué, ajoutant que «si la réunion aura lieu, elle ne sera pas celle de l'ICSO, mais juste des membres participant aux élections législatives». Mais il se trouve que des partis non participants, à l'instar de Talaie El Hourriyet d'Ali Benflis, prendra part à la réunion. Il se trouve aussi que même des partis participant aux prochaines échéances bouderont ce conclave. Il s'agit du Mouvement Ennahda et du Front pour la justice et le développement (FJD) d'Abdallah Djaballah. Ces deux partis islamistes évoquent une question liée à leur agenda et les préparatifs des législatives pour justifier leur «boycott» de la réunion, maquillée en une absence ordinaire. Certains observateurs n'écartent pas le retrait des partis islamistes, coalisés autour de Djaballah, de l'ICSO pour se consacrer à leur propre projet qui consiste en la réalisation de l'union sacrée des islamistes. Avec ces défections, c'est l'avenir de l'ICSO qui est posé. «C'est un point d'interrogation», estime Sofiane Djilali qui n'exclut pas une éventuelle dislocation de l'Instance. Au MSP, hôte de la réunion, on ne s'inquiète pas outre mesure en raison des défections annoncées. «C'est une réunion ordinaire au cours de laquelle on discutera de l'état actuel de l'Instance, comment la maintenir et comment gérer la situation actuelle», indique Naâmane Laouer, cadre de ce parti. Il précise que tous les membres de l'ICSO sont invités à la rencontre. «Il ne faut pas qu'on se déchire entre nous. Nous avons le même objectif», ajoute notre interlocuteur qui appelle les absents à assumer leur responsabilité. «Ceux qui veulent s'absenter sont dans leur droit mais qu'ils assument leur responsabilité», avance-t-il. Ainsi, la réunion d'aujourd'hui risque de produire une ligne de rupture entre les membres de l'ICSO, surtout que certains n'écartent pas une éventuelle dislocation. Et ce sont les souhaits de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, que l'opposition reste soudée malgré les différentes positions de ses membres à l'égard des législatives, qui risquent de s'évaporer. Expliquant les raisons ayant poussé sa formation à opter pour la non-participation, Benflis avait invité les partis de l'opposition à ne pas laisser les prochaines élections les diviser sur un sujet plus essentiel et plus déterminant pour notre pays, celui du changement démocratique. Son argument est que «l'opposition nationale n'a jamais été conçue comme une alliance électorale mais a été voulue comme un rassemblement autour d'un objectif stratégique, celui de la transition démocratique. Les forces politiques de l'opposition nationale qui participeront à la prochaine échéance législative comme celles qui n'y participeront pas savent que cette échéance ne marque pas la fin de la crise globale à laquelle notre pays fait face ; et que même seule la persistance de cette crise commande à l'opposition nationale de rester unie et soudée pour le bien de notre pays», avait-il expliqué. Mais la réunion d'aujourd'hui démontre que les prochaines élections ainsi que la recomposition en vue du champ politique, avec les alliances des islamistes, divisent l'opposition.