Les divergences des positions de ses membres par rapport aux prochaines législatives menaceraient-elles dans son existence l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), issue de la conférence nationale de l'opposition du 10 juin 2014, dite "Mazafran 1" ? La question mérite d'être posée d'autant plus que les boycotteurs de ces élections, notamment Talaie El-Houriat et Jil Jadid, dont les présidents respectifs, Ali Benflis et Soufiane Djilali, accusent ouvertement les participants de "cautionner" les pratiques du pouvoir en contrepartie de "quotas" qui, jugent-ils, leur seraient distribués en fonction "du degré de leur allégeance". Visent-ils aussi les partis participant aux législatives issus de l'Icso ? Fayçal Hardi, membre du bureau politique, chargé de communication de Talaie El-Houriat, assure que les accusations proférées par son parti "ne visent pas l'opposition, encore moins les partis membres de l'Icso". Contacté hier par téléphone, le porte-parole du parti d'Ali Benflis rappelle que l'Icso avait laissé à ses membres le choix de participer ou de boycotter les législatives. M. Hardi, cela dit, regrette que certains membres aient décidé d'y prendre part même s'ils restent convaincus que les prochaines législatives n'apportent pas de solutions à la crise politique, sociale et économique qui affecte le pays. "Au sein de l'Icso, tout le monde était d'accord sur le fait que les législatives n'apportent aucune solution à la crise", a-t-il rappelé, même s'il se déclare tout de même respectueux de la souveraineté de chaque parti. L'autre boycotteur des législatives, en l'occurrence Soufiane Djilali, se montre, quant à lui, plutôt dubitatif sur l'avenir de l'Icso. "Politiquement, il me semble bien difficile de voir l'Icso fonctionner comme lors de sa création", a-t-il déploré, en rappelant que cette entité avait été créée dans l'objectif de faire pression sur le pouvoir et de constituer un rapport de forces favorable. De leur côté, les participants, dont le RCD et le MSP, se montrent encore attachés à l'Icso et à l'idéal du changement démocratique. Egalement contacté par téléphone, Atmane Mazouz, secrétaire national chargé de la communication au RCD, et Abderrezak Makri, président du MSP, se sont, en effet, montrés plutôt optimistes quant à l'avenir de l'Icso. Ceci, quand bien même les activités de cette instance, notamment les réunions cycliques, reconnaîtraient-ils, seront vraisemblablement toutes gelées jusqu'à l'après-législatives. M. Mazouz indique que la participation de son parti aux législatives ne signifie surtout pas une remise en cause de ses fondamentaux et de son militantisme pour la transition démocratique. Une transition qui, ajoute-t-il, "ne peut avoir lieu sans l'adhésion sincère de l'ensemble des acteurs de la CLTD et de l'Icso". Il rappelle dans la foulée que même la participation du RCD aux législatives avait été décidée conformément à la décision de l'Icso de laisser le libre choix aux partis de prendre part aux élections ou de les boycotter. Même son de cloche chez M. Makri qui juge que "l'avenir de l'Icso est (même) lié à l'avenir du pays". Pour lui, les divergences par rapport à la participation aux législatives ne devraient pas remettre en cause la cohésion des partis de l'opposition réunis au sein de l'Icso. Il prévoit d'ores et déjà que la fraude électorale pressentie poussera les partis de l'opposition à se rapprocher davantage et à ressouder leurs rangs à même de faire face au spectre d'une crise profonde qui plane sur l'Algérie. Farid Abdeladim