Rencontré hier au siège de la Fondation Matoub Lounès (FML) à l'occasion du onzième anniversaire de l'assassinat du chanteur, le 25 juin 1998, le secrétaire général de la FML, Juba Laksi, 23 ans, étudiant à l'université de Tizi-Ouzou, nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur les conditions difficiles que traverse son organisation. Jeune et dynamique, Juba a déclaré : «Depuis la mort de Lounès en 1998, à chaque fois que je rentre dans sa maison, j'ai les mêmes frissons. Je veux que tout le monde ait le même sentiment.» Lorsque Matoub est décédé en 1998, vous aviez tout juste 12 ans. Aujourd'hui vous êtes secrétaire général de la Fondation qui porte son nom… Il faut savoir une chose : c'est le cri de Lounès Matoub qui a bercé mon enfance. Etant son voisin et le cousin de sa mère, j'ai vécu tous les événements qu'a connus le village Ath Moussa Ouamar. Et tous ces évènements ont laissé des empreintes sur ma personne. Aujourd'hui, en ma qualité de secrétaire général de la fondation Matoub Lounès (FML), je mène un combat sain : le combat identitaire qu'a mené de son vivant le défunt Lounès. Que signifie pour vous la fidélité au combat de Lounès ? La fidélité au combat de Matoub Lounès consiste aujourd'hui à préserver sa mémoire et chercher la vérité sur son assassinat. Ce sont d'ailleurs les deux objectifs de la FML. Par ailleurs, il faut transmettre le message de Lounès aux futures générations. Il faut reconnaître que le chanteur nous a donné une base nous permettant de formuler notre combat. C'est sur cette base que nous devons construire aujourd'hui. C'est tout cela que nous expliquons en permanence à notre jeunesse. La FML est-elle en mesure aujourd'hui de mener le combat ? Le siège de la Fondation reçoit jusqu'à 150 visiteurs par jour durant la saison estivale et pas moins de 80 durant le reste de l'année. Ils viennent de toutes les régions du pays et même de l'étranger, alors que notre siège est dépourvu de moyens. Vous constatez de visu qu'un mur de la maison de Lounès (siège de la FML) est décalé de 10 cm lors du séisme de 2003. Nous avons entrepris des démarches auprès des autorités pour réaliser des travaux de réfection. Nous avons frappé à toutes les portes mais en vain. Pourtant, si la maison s'effondre, c'est une école primaire qui sera touchée. Une école, faut-il le rappeler, où a enseigné l'écrivain Mouloud Feraoun. Je vous informe également que faute de payement, les services de la Sonelgaz ont coupé le courant électrique du siège de la FML trois fois. La maison de Lounès est devenue un lieu de pèlerinage pour des milliers de jeunes qui viennent en quête de vérité et d'espoir. Aujourd'hui, seule cette maison réunit les enfants de la région. C'est pour cette raison qu'il faut la préserver.