C'est parti pour la course aux élections législatives. Le président de la République a convoqué le corps électoral pour le 4 mai prochain. Abdelaziz Bouteflika a signé jeudi le décret présidentiel portant cette convocation pour l'élection des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) «conformément aux dispositions de l'article 91-6 de la Constitution et des dispositions pertinentes de la loi organique n° 10-16 portant régime électoral», indiquait un communiqué de la présidence diffusé via l'agence officielle. Dans son article 25, la loi électorale stipule que «le corps électoral est convoqué par décret présidentiel dans les trois mois qui précèdent la date des élections». Avec cette convocation, c'est le début du compte à rebours pour les prétendants, partis et indépendants aux sièges de l'APN. Puisqu'une nouvelle assemblée sera élue pour un mandat de cinq ans, les algériens lambda n'ont qu'un seul souhait : des élus qui leur feront oublier l'actuelle législature dont le bilan est le moins que l'on puisse dire catastrophique, eu égard aux lois ayant été votées par des coups de force déguisés. On parle surtout des lois de finances pour 2016 et 2017 ainsi que de la loi portant réforme de la retraite. S'il y a quelque chose à retenir de l'actuel mandat, c'est en tout cas le creusement du fossé entre le député et le citoyen. Le décret présidentiel portant convocation du corps électoral précise par ailleurs que «la révision exceptionnelle des listes aura lieu du 8 au 22 février 2017». Une révision annuelle avait eu lieu entre le 1er et le 30 octobre dernier, rappelle-t-on. Désormais, les partis politiques du pouvoir et de l'opposition sont fixés et pourront tracer leurs programmes de campagne, bien qu'ils se trouvent déjà dans le bain depuis des semaines. La fixation et l'orientation de l'activité partisane vers le scrutin du printemps prochain n'est qu'un secret de polichinelle. Les députés boudent depuis des jours les plénières de l'APN, même lorsqu'il s'agissait de voter des lois, alors que les partis se penchent sur le choix de leurs candidats et se préparent pour la bataille. Cette fois-ci, il ne s'agit pas uniquement de trouver des cavaliers, mais il faudra, si le parti ne satisfait pas à la règle des 4% des suffrages exprimés lors des précédentes législatives, trouver pas moins de 250 signatures pour chaque siège à pourvoir dans une circonscription. C'est le dilemme de la nouvelle loi électorale. L'article 94 du texte en question qui impose un minimum de résultats lors des précédentes élections, un certain nombre d'élus localement ou des signatures pour la validation des listes de candidatures, a d'ailleurs mis en alerte les petits partis politiques au même titre que ceux de la mouvance islamiste. Ces derniers ont été poussés à se rassembler autour de blocs. Ainsi, le Front du changement (FC) de Abdelmadjid Menasra s'est fondu dans le MSP d'Abderrezak Makri, tandis que Abdallah Djaballah, Mohamed Douibi et Mostefa Belmahdi se sont alliés dans l'Union pour Ennahda, El Adala et El Bina. Pour la première fois aussi, le vote du 4 mai se déroulera sous la supervision de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), instituée à la faveur de la nouvelle Constitution adoptée il y a une année. A l'exception de Talaie El Hourriyet de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, et du parti de Djilali Soufiane, Jil Jadid, qui boycottent les élections, toutes les formations politiques d'opposition, membres ou non de l'Icso, seront de la partie. Les ténors de la scène politique dans ce camp seront tous au rendez-vous, à l'image du PT, FFS, RCD et MSP, et également les partis du pouvoir, le FLN, le RND, le TAJ et le MPA.