«Je vais mourir, mais l'Algérie sera indépendante». Ce sont les derniers mots de Fernand Iveton, quelques minutes avant qu'il ne soit guillotiné, un matin de 11 février 1957. Fervent militant de la cause algérienne, Iveton avait commis l'irréparable aux yeux de François Mitterrand, à l'époque garde des sceaux au gouvernement de René Coty. La France n'a pu lui pardonner le fait de poser une bombe dans l'usine à gaz d'Alger où il travaillait en tant qu'ouvrier. Ce militant indépendantiste, pied-noir né en Algérie, avait été surpris le 14 novembre 1956, dans l'usine à gaz du Hamma, en train de régler la minuterie d'une charge explosive, pour éviter des pertes humaines. Arrêté, interrogé et torturé par décharges électriques sur le corps et supplice de l'eau, il est condamné à mort dix jours plus tard. Il a été guillotiné dans la cour de la prison de Barberousse (Serkadji), à Alger. Au matin du 11 février 1957, Fernand Iveton est exécuté en même temps que deux autres condamnés algériens : Mohamed Ouenouri et Ahmed Lakhnache. Avant d'être exécutés, les trois hommes se sont embrassés. Les derniers mots d'Iveton, furent, selon le récit de son avocat, Me Albert Smadja : «Je vais mourir, mais l'Algérie sera indépendante». Fernand Iveton n'avait tué personne. Il avait tout juste 30 ans lorsqu'il a été exécuté. Fernand Iveton, français d'Algérie, anticolonialiste, délégué CGT, membre du Parti communiste algérien rallié au FLN, disait que sa place «est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur». Une position intenable en temps de guerre. «Iveton demeure comme un nom maudit (…). On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça», écrivent l'historien Benjamin Stora et le journaliste François Malye dans François Mitterrand et la guerre d'Algérie, cité en exergue. Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, seule une ruelle dans le quartier d'El-Madania (ex-Clos Salembier) où il est né le 12 juin 1926 porte son nom. Depuis plusieurs années, une cérémonie de recueillement à sa mémoire a lieu tous les 11 février au cimetière chrétien de Bologhine (ex-Saint-Eugène) à Alger.