Mort pour l'indépendance de l'Algérie, le nom de Fernand Iveton restera à jamais lié à l'histoire de la guerre de libération. Militant anticolonialiste, il s'est engagé dans la lutte des Algériens contre l'oppression avec ferveur et la conviction qu'un jour jaillira la liberté confisquée. Selon les historiens et biographes, le militant Iveton a intégré, en juin 1955, les groupes armés des Combattants de la libération. Après l'Accord FLN-PCA, les Combattants de la libération sont intégrés dans l'ALN-FLN, il fera partie du commando du Grand Alger. Après avoir participé à plusieurs actions (sabotages de wagons au port, incendie des Bouchonneries internationales), il a été chargé de placer une bombe à l'usine à gaz du Hamma. Le 25 novembre 1956, onze jours seulement après son arrestation, il est passé devant le tribunal. Il est condamné à mort au cours d'une parodie de procès. Le ministre français de la Justice de l'époque, François Mitterrand, et le président de la République française refuseront de le gracier après la demande introduite par ses avocats. Le 11 février 1957 au petit matin, il a été guillotiné, en même temps que deux autres patriotes algériens, Mohammed Ouennouri et Ahmed Lakhnèche, à la prison de Barberousse d'Alger, à l'âge de trente ans. Avant son exécution, il a laissé des correspondances transmises à son avocat, maître Joë Nordmann, juriste international membre du Parti communiste français, qui prit en charge sa défense au côté de maître Smadja, alors membre du Parti communiste algérien. Malgré la torture et l'interdiction de correspondre, il avait continué à adresser des lettres à ses avocats. Dans son ouvrage, qui dresse le bilan de sa vie professionnelle et politique, intitulé Aux vents de l'histoire, Maître Joë Nordmann écrit : «Parmi les affaires que j'eus à plaider pendant ‘‘les événements d'Algérie'', une, entre toutes, m'a laissé le plus fort souvenir. Triste souvenir parce que mon client, mon camarade, est mort sur l'échafaud. Mais souvenir fervent, aussi, que celui de Fernand Iveton. Sa droiture, sa clarté d'esprit, sa fidélité aux principes de liberté et d'indépendance m'impressionnèrent lorsque pour la première fois je le rencontrai à la prison de Barberousse d'Alger. Il avait trente ans.» (1) Joë Nordmann écrit encore que le président de la République française, René Coty, qui «était bien convaincu de l'injustice de la condamnation à mort de Fernand Iveton, l'a néanmoins envoyé à la guillotine. L'Algérie française l'exigeait». Des passages de ses correspondances à maître Joë Nordmann confirment l'engagement et la croyance à la lutte armée du peuple algérien. Dans sa lettre du 25 janvier 1957 à propos des illusions de compagnons de détention, on relève cette phrase : «Tous ici attendent l'ONU. Quant à moi, je suis sûr que cela ne changera rien car notre lutte se joue sur le sol algérien avec nos alliés les plus sûrs, le peuple de France et son PCF.»