Les forces rebelles épaulées par la Turquie sont entrées dans Al-Bab. L'armée syrienne n'est qu'à quelques kilomètres. Al-Bab libérée, la voie sera ouverte vers Raqqa. Mais qui mènera l'assaut ? C'est une incroyable bataille, une course de vitesse qui est en train de se dérouler à Al-Bab, en Syrie. Elle illustre que tout est en train de basculer dans le nord de ce pays mis à genoux par une guerre de six ans. Que la Russie, la Turquie et les Etats-Unis, en épaulant des forces locales, sont en train de changer la donne. Mais que ces alliances de fortune contre Daech sont fragiles. Nul ne sait qui prendra au bout du compte Raqqa, la «capitale» du groupe djihadiste contre lequel toutes les forces se sont liguées. Dimanche, des rebelles syriens soutenus par l'armée turque ont réussi à pénétrer au cœur d'Al-Bab, une ville tenue par l'Etat islamique (EI) depuis 2014. Les forces de l'opération Bouclier de l'Euphrate ont donc damé le pion à l'armée syrienne. Venue du sud-ouest, cette dernière est à la périphérie d'Al-Bab. Il a fallu la médiation de la Russie, la semaine dernière, pour empêcher un début d'affrontement entre les forces gouvernementales syriennes et celles qui sont soutenues par la Turquie. «Al-Bab est assaillie de toutes parts […] Nos forces sont entrées dans le centre» avec des rebelles syriens, et la prise de la ville n'est «qu'une question de temps», a déclaré dimanche le président Erdogan. Plusieurs aviations ont contribué à l'avancée turque, russe, mais aussi des appareils de la coalition internationale dont fait partie la Belgique. Le président turc a affirmé dimanche que le but de l'armée turque n'est pas de s'installer en Syrie, mais de chasser définitivement l'Etat islamique et d'aller jusque Raqqa. Al-Bab veut dire «la porte» en arabe. Et de fait, cette ville ouvre la voie vers Raqqa, qui est à 180 km à l'est d'Al-Bab. Mais la Turquie caresse un autre objectif, également avoué : stopper l'avancée des forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qu'elle considère comme «terroristes» et trop proches du PKK, la rébellion kurde en Turquie. Conscients du risque, les YPG ont creusé une tranchée pour empêcher l'armée turque de les repousser jusqu'à l'Euphrate. Le problème est que les YPG, très efficaces dans la lutte contre l'Etat islamique, sont soutenus par l'armée américaine. Les YPG font partie d'une coalition, les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui comprend des milices arabes et chrétiennes. Elles ne sont plus qu'à 8 km de Raqqa et bloquent la ville par le sud, le Nord-Ouest et l'est, a indiqué le 10 février le Pentagone. La question de savoir qui prendra la ville n'a pas encore été tranchée.