La chancelière allemande, Angela Merkel, effectuera, à partir d'aujourd'hui, une visite officielle de deux jours en Algérie, à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, hier, la présidence de la République dans un communiqué. Les entretiens entre le chef de l'Etat et Mme Merkel permettront de «procéder à un échange de vues, notamment sur les relations entre l'Algérie et l'Union européenne, ainsi que la situation au Maghreb, au Sahel et au Moyen-Orient», précise le communiqué. Au menu de cette visite, les questions migratoires, les relations économiques et la sécurité dans la région, selon le porte-parole adjoint du gouvernement allemand, Ulrike Demmer. En plus de l'entretien avec le président Bouteflika, la chancelière allemande s'entretiendra également avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. La question la plus importante qui sera abordée par les responsables des deux pays est celle des migrants clandestins algériens en Allemagne, que les autorités allemandes veulent expulser le plus rapidement possible. Angela Merkel, qui a déjà évoqué la question avec M. Sellal début 2016, veut classer l'Algérie, avec la Tunisie et le Maroc, dans la liste des pays «sûrs» dont les ressortissants n'auront plus droit à l'exil. A Alger, elle cherchera l'accélération du processus de rapatriement des ressortissants algériens en situation irrégulière dans son pays. Depuis les agressions de Cologne dans la soirée du nouvel an 2016, où des Algériens sont impliqués, le gouvernement de Mme Merkel veut en finir avec la migration irrégulière, notamment des pays d'Afrique du nord. Plus précisément, elle veut l'application de l'accord de 1997 entre les deux pays. Cet accord édicte que «les autorités algériennes réadmettront sans formalités les ressortissants algériens séjournant de manière illégale sur le territoire de la République fédérale d'Allemagne, même lorsque ceux-ci ne sont pas en possession d'un passeport ou d'une carte d'identité valides, à condition qu'il soit prouvé ou démontré de manière crédible que lesdites personnes possèdent la nationalité algérienne». La chancelière a évoqué la question avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, 12 janvier 2016 à l'occasion de sa visite à Berlin. En conférence de presse conjointe, Mme Merkel a exigé un «retour rapide» des ressortissants algériens déboutés d'asile. De son côté, le Premier ministre a demandé à vérifier s'il s'agit bien d'Algériens, puisque les migrants clandestins se débarrassent de leurs pièces d'identité et se font passer pour des Syriens ou des Irakiens. Elle a même proposé un projet de loi au Parlement allemand en vue de classer l'Algérie dans la liste des pays sûrs. Le texte a été bloqué par la deuxième chambre du Parlement. La question des migrants a continué à rythmer les relations entre les deux pays. Le 26 mai 2016, c'est le directeur général de la police fédérale allemande qui s'est rendu à Alger. Lors de sa rencontre avec le DGSN, le général-major Abdelghani Hamel, ce dernier a assuré son homologue de «la disponibilité» de la police algérienne à «coopérer» avec la police allemande pour trouver une solution au problème des Algériens établis de manière clandestine en Allemagne, soulignant qu'il s'agit d'une «solution sur le plan technique». Selon les statistiques, les Tunisiens, Algériens et Marocains obtiennent le statut de réfugié en Allemagne dans respectivement 0,8%, 2,7% et 3,5% des cas. Ce qui dénote la volonté de Berlin de ne pas prendre les ressortissants de ces trois pays. La chancelière évoquera également avec ses interlocuteurs algériens les questions sécuritaires notamment dans la région du Sahel et du Moyen-Orient. L'Algérie et l'Allemagne sont presque d'accord sur le dossier libyen en privilégiant l'option politique pour la résolution du conflit.