Le président vénézuélien, Hugo Chavez, demandera-t-il que son livre anti-empire US soit retiré de la vente ? Ce n'est pas le fait que son brûlot ne fasse plus recette, comme durant l'ère Bush, qui l'inciterait à prendre une telle décision. C'est plutôt le retour à la normale dans les relations américano-vénézuéliennes qui le pousserait à brûler les derniers exemplaires en stock. On ne sait pas trop ce que Barack Obama aurait bien pu penser du référendum que le Bolivarien avait organisé pour sa reconduction à vie à la tête du pouvoir à Caracas, mais à présent, tout semble être rentré dans l'ordre. Les représentations diplomatiques des deux pays ayant rouvert grandes leurs portes, la hache de guerre serait-elle définitivement enterrée ou juste rangée au placard ? Tous les signaux sont passés au vert, l'internationalisation de la diplomatie américaine, tant promise par l'ex-candidate Hillary Clinton, a été tenue. Et ce n'est pas parce que l'ancienne première Dame des Etats-Unis s'est fait récemment opérer du coude que l'Amérique d'Obama tardera à tendre la main à la puissance régionale qu'incarne le Venezuela en Amérique latine. Certes, la dépendance énergétique obligerait Washington à revenir à de meilleurs sentiments, mais l'obsession sécuritaire nationale des Etats-Unis est encore plus forte que tout. Surtout que dans le jeu des alliances internationales, Caracas peut se targuer d'être en pole position. En se distinguant en tant que chantre du néo-socialisme, décriant un ordre mondial à sens unique, Hugo Chavez a su gagner en estime, aussi bien auprès des pays en voie de développement qu'auprès des peuples opprimés. W. Bush aura eu beau le citer parmi les derniers dictateurs de la planète, notamment suite à la fermeture de la chaîne de télévision publique ou le jour où il s'est rendu au chevet de Castro, le Bolivarien n'a jamais montré un signe de désengagement. Alter-mondialiste convaincu, il est toujours le bienvenu en Russie et en Chine, comme l'est le président Ahmadinejad au Venezuela. Entre camarades du front du refus de l'ordre mondial établi, il n'est pas question d'épiloguer sur quoi que ce soit. Evidemment qu'un siège au Conseil de sécurité de l'Onu aurait été plus avantageux. Essentiellement quand il s'agit de sauver les populations de Ghaza d'un massacre programmé ou éviter aux mollahs d'Iran de nouvelles sanctions en raison des doutes qui subsistent au sujet de leurs activités nucléaires. Mais maintenant que les relations américano-vénézuéliennes baignent dans l'huile bénite, le gouvernement de Caracas se sentira-t-il obligé de calmer ses ardeurs anti-US ? Sinon, faire preuve d'un peu plus de neutralité dans ses approches quand il s'agira de traiter des grandes questions internationales de l'heure ? A priori, il attend de voir. Et ce, avant de mesurer avec précision le degré de confiance qu'il a placée en la personne du président Obama. Vive la normalisation, mais il ne faudrait pas que celle-ci serve, demain, à isoler un peu plus de fidèles alliés. A l'image de la République islamique d'Iran contre laquelle Hussein Barack Obama a haussé le ton sans pour autant claquer la porte d'un futur dialogue. Ce que Hugo Chavez lorgne d'un bon œil, c'est ce vœu des Etats-Unis de reprendre langue avec la Syrie du jeune Bachar El Assad. Mais pourvu que cette détente, quasi inespérée dans les relations américano-syriennes, ne cache pas non plus une tentative d'écarter davantage l'Iran et affaiblir dans la foulée ce même front du refus de l'establishment de l'Occident en général et de l'Amérique en particulier. C'est dire que le discours d'Obama au Caire, avec son indéfectible alliance avec Tel-Aviv, n'est pas passé inaperçu sur la télévision d'Etat vénézuélienne. Ni la réactivation de l'Union méditerranéenne, écologiquement politique, Benjamin Netanyahu ayant fait récemment bonne impression auprès de Nicolas Sarkozy. Une autre normalisation (israélo-arabe) serait-elle en vue au nom de la sécurité d'Israël et en échange de son «protectorat» en guise de futur Etat palestinien ? Vive toutes les normalisations, mais…