La mobilisation de la société civile en faveur de Kamel Eddine Fekhar et d'autres détenus d'opinion prend de l'ampleur. Militants des droits de l'Homme, avocats, acteurs politiques, syndicalistes et simples citoyens défient le silence des autorités. Estimant que la situation avait atteint le stade de «gravité», plusieurs acteurs redoublent d'actions pacifiques et d'initiatives dans l'objectif de faire fléchir la justice sur le cas du militant mozabite et de tant d'autres détenus dans différentes prisons, notamment de Ghardaïa et de Laghouat. Alors que son avocat, me Salah Dabbouz, entamait, hier, la troisième étape d'une marche qu'il a commencée dimanche d'Alger à destination de la prison de Laghouat où se trouve Fekhar, 4 militants observaient une grève de la faim au siège du Mouvement démocratique et social (MDS) pour réclamer «la libération des détenus d'opinion». Il s'agit de Hamid Ferhi, coordinateur national du MDS, en plus des activistes Kader Farès Afakak, Mohamed Kadi et Abdelkader Kharba. Un autre militant, Hamid Attrous a, lui aussi, entamé une grève de la faim au siège de la Laddh d'Oran. Décidées au terme d'une réunion tenue le 14 avril dernier, où a été déclarée la création du Comité national pour la libération des détenus politiques et d'opinion, ces actions marquent le début d'une autre phase de revendication. Après un fleuve d'appels, de communiqués et de pétitions, des acteurs de la société civile ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure car «il y a danger de mort» dans le cas Fekhar qui en est désormais à son 107e jour de grève de la faim. Son état de santé, a averti à maintes reprises son avocat, «s'est gravement détérioré». Militant mozabite, il a été, au même titre qu'un groupe de jeunes, arrêté en 2015 suite aux événements de Ghardaïa. Parmi les chefs d'inculpation pour lesquels il est poursuivi, «l'atteinte à la sûreté de l'Etat». C'est pourquoi le Comité exige «l'installation d'une commission d'enquête indépendante et crédible sur les évènements de Ghardaïa». Histoire de blanchir les détenus des accusations, surtout que «le dossier est vide», clament leurs avocats. Outre les grévistes de la faim, plusieurs acteurs font partie du Comité national pour la libération des détenus d'opinion, à l'instar du chercheur Fodil Boumala, de l'ancien président de RAJ, Hakim Addad, du journaliste Meziane Abane et du coordinateur du Comité des chômeurs, Belkacem Khencha. Plusieurs avocats, journalistes, médecins et retraités ont d'ores et déjà apporté leur soutien aux démarches, bien que les autorités restent pour l'instant «inaudibles». Sur ce, il faut dire que même les partis politiques engagés dans la course aux législatives du 4 mai semblent avoir tourné le dos à la cause de ces dizaines de militants. L'appel à la solidarité, lancé à tous les citoyens, a déjà reçu des centaines de soutiens parvenus des quatre coins du pays.