Un projet de jumelage algéro-français a été lancé hier pour une durée de 24 mois en vue de renforcer l'employabilité des personnes handicapées en Algérie. Financé par l'Union européenne, le dit projet a pour but de coordonner les départements ministériels des deux pays pour un échange d'expertise sur les questions d'insertion sociale des handicapés. S'exprimant lors de la cérémonie de lancement tenue à l'Ecole supérieure de la sécurité sociale, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, a réaffirmé la volonté de l'Algérie de renforcer la mise en œuvre des lois relatives à la protection et la promotion des personnes aux besoins spécifiques tant sur le plan économique que social. Elle a expliqué que ce projet de jumelage est un accord entre son département et le ministère du Travail français qui a pour objectif la mise en place des mécanismes permettant de faciliter aux handicapés l'accès au marché du travail avec un accompagnement adéquat tout au long de leur parcours professionnel. «Nous avons beaucoup à apprendre de l'expérience française qui a fait ses preuves dans ce domaine», a-t-elle dit. Mounia Meslem a fait savoir par ailleurs qu'une enquête a été lancée par son département en coordination avec plusieurs ministères afin de connaître le nombre exact de handicapés en Algérie et leur type de handicap. «Pour le moment, nous avons enregistré 1,2 million de handicapés dont 800 000 sont pris en charge dans des centres spécialisés», a-t-elle précisé, ajoutant que «l'enquête a révélé que le handicap mental et l'autisme ont connu une baisse ces dernières années». Pour sa part, l'ambassadeur français en Algérie, Bernard Emie, a précisé que son pays allait apporter un plus à l'Algérie, car «nous avons un riche parcours en matière de prise en charge des handicapés». «Nous pouvons éviter aux cadres du secteur plusieurs erreurs dans l'application des lois», a-t-il encore précisé. A travers ce jumelage de deux ans, la France mettra à la disposition de l'Algérie un panel d'experts de l'insertion sociale des personnes aux besoins spécifiques. Selon le représentant du ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani, l'Union européenne a dépensé 1,2 million d'euros pour ce projet dans le cadre du programme d'appui à l'accord d'association (P3A). «Ce jumelage de deux ans comptera 111 missions en vue de former les cadres algériens activant au ministère de la Solidarité», a-t-il fait savoir. A noter que le gouvernement algérien a mis en place tout un arsenal juridique pour favoriser l'insertion sociale des handicapés. Il s'agit du décret exécutif n° 14-214 du 30 juillet 2014 qui fait obligation aux employeurs de réserver au moins 1% des postes de travail aux handicapés. En matière d'impôts, des mesures incitatives sont prévues afin d'encourager le recrutement de cette frange de la société. Il s'agit de l'exonération d'impôt sur le revenu global (IRG) et l'exonération permanente d'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) ainsi que la réduction de 50% de la part patronale au profit des entreprises. En dépit de toutes ces mesures, les handicapés demeurent fortement marginalisés en Algérie. Le programme de jumelage algéro-français lancé hier peut-il changer cette triste réalité ?