Comme à chaque élection, le débat sur la transparence du vote et la crédibilité des résultats qui seront annoncés le lendemain revient cette année, malgré la batterie de garanties et d'engagements pris par les responsables du pouvoir. Aujourd'hui, les algériens sont appelés à s'exprimer. Mais leur choix sera-t-il respecté ? Il s'agit là d'une lancinante question qui, pourtant, s'impose d'elle-même, d'autant que d'anciens responsables et commis de l'Etat ne cessent de révéler l'existence de la fraude. Le dernier en date n'est autre que l'ancien chef de gouvernement, Mokdad Sifi, qui a reconnu récemment qu'en 1997, alors candidat du RND aux législatives, les résultats des élections nationales et locales étaient d'une fraude scandaleuse. «Et ce ne sont pas que des paroles en l'air, mais une réalité que j'ai vécue», a-t-il déclaré dans un entretien il y a de cela un mois. C'est dire toute la difficulté qu'éprouvent aujourd'hui les responsables du pouvoir afin de convaincre de «la bonne intention» d'organiser les élections dans la transparence. L'histoire et les vérités ne pardonnent pas. Rien qu'à voir la multiplication des déclarations des officiels prouve qu'il y a besoin de convaincre, coûte que coûte, de la crédibilité du vote et ce, malgré les garanties qu'offrent, cette fois-ci, les textes et lois de la République, notamment la Constitution, la loi sur le régime électoral ou encore la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise). Exprimant «l'engagement» de l'Etat à ce que le choix des électrices et des électeurs soit «respecté, libre et en concordance avec leurs convictions politiques», le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a, dans un message adressé à la nation à la veille du scrutin, appelé l'ensemble des agents publics impliqués dans cette opération à faire preuve de «la plus grande impartialité» et à veiller au «strict respect» des dispositions pertinentes de la loi. Avant lui, c'étaient le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le vice-ministre de la Défense qui avaient assuré de «la transparence» du vote, chacun dans son rôle. Entre textes et engagements Le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, a été jusqu'à déclarer que les éléments de l'ANP allaient voter «à l'extérieur des casernes». Chose qui a été présentée par certaines voix comme une garantie de plus, alors qu'il s'agit en réalité d'une disposition de la loi appelée à être appliquée dans sa stricte mesure. En retour d'ailleurs à la loi, la particularité de ces élections c'est qu'elles se tiennent sous la supervision de la Hiise, instituée à la faveur de la révision constitutionnelle de février 2016. Pourtant, l'instance que préside l'ancien ambassadeur Abdelwahab Derbal «n'est pas un gage de garantie», de l'avis des partis de l'opposition engagés dans la course. Composée de 410 membres, entre magistrats et compétences indépendantes issues de la société civile, la Hiise dispose, selon ses textes, de larges attributions, dont celle de demander au parquet la réquisition de la force publique ou de le saisir de faits constatés susceptibles de revêtir un caractère pénal. Hélas, le fait que tous ses membres soient nommés par le chef de l'Etat «est déjà un handicap», critiquent des observateurs. Aussi, un autre point dénoncé à l'occasion de chaque scrutin semble être «réglé» aux yeux de l'administration et des officiels. Le fichier électoral, puisque c'est de cela qu'il est question, «a subi un assainissement grâce aux nouvelles technologies et à l'établissement du registre national de l'état civil». Mais en réalité, l'on est loin de cet objectif, car à en croire les propos mêmes de Abdelwahab Derbal, «le ficher nécessite encore des correctifs». Enfin, et comme de coutume, plus de 300 observateurs de la Ligue arabe, de l'Union africaine (UA), de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), de l'Union européenne (UE) et des Nations unies, se trouvent déjà à Alger pour superviser le déroulement du processus du vote. Mais, malgré tout ça, les soupçons les plus fous sur la fraude administrative en faveur de partis du pouvoir, entourent toujours le vote. Mardi, le RCD s'est interrogé sur les visées d'une «discrète vidéo-conférence à destination des institutions sous tutelle du ministère de l'Intérieur et du personnel informatique relevant de chacun de ces échelons dans les 48 wilayas du pays» où il est question, selon lui «de présenter le logiciel destiné à recueillir les résultats des élections législatives au soir du 4 mai 2017».