La Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) tiendra, aujourd'hui, sa première réunion en prévision des législatives et des locales de 2017. Il s'agit d'un premier contact entre les 410 membres de l'instance que préside Abdelwahab Derbal qui aura à assumer une lourde et complexe tâche : mettre un terme aux élections à la Naegelen en Algérie. Institué à la faveur de la révision constitutionnelle de 2016, cet organisme a, de l'avis de tous les acteurs et les observateurs de la scène politique nationale, du pain sur la planche. Critiquée par l'ensemble des partis d'opposition, dont une majorité réclame une instance indépendante de gestion du processus électoral, la HIISE est appelée d'abord à dissiper les doutes de la classe politique qui ne croit plus à la neutralité de l'administration. Pour les partis de l'opposition, la surveillance des élections «n'est plus possible si l'administration chargée de l'organisation refuse de se soumettre à la loi et respecter le choix des électeurs». Les différentes formations politiques qui prendront part aux prochains scrutins ne s'attaquent pas d'ailleurs à la personne de Abdelwahab Derbal, mais pointent du doigt le pouvoir qui, «tout en manquant de volonté politique d'organiser des joutes propres, veut se servir des personnalités nationales pour légitimer les élections». C'est l'argument mis en avant par l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO). Cette coalition partisane appelle à la création d'une instance indépendante permanente d'organisation des élections, similaire à celle de la Tunisie qui a réussi à briller par son travail depuis 2011 dans ce pays, à arracher un prix Nobel de la paix. Mais leur demande ne sera pas satisfaite cette fois-ci. Le pouvoir refuse de lâcher sur ce point et qualifie cette exigence d'«irraisonnable». Ce qui est déjà un facteur qui aggrave le scepticisme de la classe politique, qui croit que «les artisans des fraudes successives depuis l'indépendance ne tiendront jamais la promesse d'organiser des joutes nettes». Les partis de l'opposition se réfèrent, pour justifier leurs craintes, au scénario des législatives de mai 2012 où, malgré l'engagement y compris du chef de l'Etat à mettre fin aux élections à la Naegelen, les résultats du scrutin ont suscité des critiques acerbes de la classe politique. Le fichier électoral : la boîte de pandore Les membres de la HIISE sont certainement conscients de cette réalité et des défis qui les attendent. Mais comment comptent-ils procéder pour dissiper les doutes qui pèsent, à chaque fois, sur les élections ? Ils devront, en tout cas, redoubler d'effort pour offrir à tous les acteurs des gages et des garanties de respect de la volonté des électeurs. Et parmi ces garanties, il y a sans doute l'ouverture de la boîte de Pandore qu'est le fichier électoral national. Ce dernier a été la source de toutes les polémiques à chaque rendez-vous électoral. Les partis et les différentes commissions de surveillance des élections installées par le passé ont réclamé l'assainissement de ce fichier, qui compterait près de quatre millions d'électeurs fictifs. Estimant que la taille du corps électoral (près de 23 millions d'électeurs) est exagérée, les responsables des différents partis affirment que «les artisans des fraudes électorales puisent de ce réservoir pour peser sur l'issue des scrutins». Abdelwahab Derbal et ses collègues de la HIISE pourront-ils prendre en charge cette problématique ?