Il n'y a pas meilleur avocat pour défendre «la transparence» des prochaines élections législatives que le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise). Abdelwahab Derbal croit dur comme fer en «les garanties» qu'offre son instance afin d'assurer le respect de la volonté populaire. L'homme qui a été désigné par le président de la République à la tête de la première instance de surveillance des élections constitutionnalisée dans la loi fondamentale estime que «les magistrats et les personnalités de la société civile la composant sont de véritables garants». Invité hier du forum du quotidien El Moudjahid, Abdelwahab Derbal a, tout le long de son intervention, insisté sur «la transparence des élections du 4 mai prochain», tout en prenant le soin de mentionner à chaque fois qu'il parlait «en toute franchise». D'emblée, Derbal explique que s'«il n'y avait pas vraiment une volonté politique d'organiser des élections libres et transparentes, la Hiise n'aurait jamais été inscrite dans la Constitution et dotée d'une loi organique», non sans rappeler qu'auparavant, l'on créait des commissions par décret à la veille des élections avant qu'elles ne soient dissoutes au lendemain de l'annonce des résultats. «Le fait que notre instance soit consacrée dans la loi fondamentale est une réponse à la question sur la transparence des élections», a-t-il déclaré. Et de défendre «l'intégrité et la probité» des 410 membres de la Hiise. Pour lui d'ailleurs, «un juge intègre est mieux qu'une loi juste». Abdelwahab Derbal, soutenant que «la démocratie est une culture et non une pratique», et dans un appel qui semblait être adressé à la classe politique, notamment les partis de l'opposition, dira que «l'on ne peut développer une culture d'élections en Algérie en multipliant les doutes». Selon lui, la réussite du prochain scrutin n'incombe pas uniquement à la Hiise, car, a-t-il plaidé, «la responsabilité est partagée avec l'administration, les partis politiques, la société civile et même les médias». Donnant l'impression d'un homme convaincu de la mission pour laquelle il a été désigné, l'ancien ambassadeur estime qu'il est temps de changer les mentalités et se détacher des doutes. «Le tabou selon lequel l'administration fraude à chaque fois doit être brisé à jamais», a lancé le président de la Hiise, assurant avoir «été clair sur le sujet avec le ministre de l'Intérieur». «Le wali, l'administrateur et le responsable local sont au service du peuple. Pas le contraire», a encore insisté l'invité du forum. Interrogé sur les dépassements enregistrés durant la campagne électorale, Derbal a minimisé leur ampleur, estimant que «jusqu'à présent, il n'y a pas de graves irrégularités». Sur la mobilisation des mosquées en faveur de la participation massive, le président de la Hiise n'y voit aucun inconvénient. «La mosquée fait partie des lieux où l'on apprend le civisme. Inciter au vote n'est pas une fatalité, mais c'est le parti pris en faveur d'une formation politique qui est interdit», a-t-il dit. Quant aux scandales des affiches où des portraits de candidates étaient remplacés par des croquis, Derbal assure que son instance «a rappelé à l'ordre les partis concernés», expliquant que «les candidats ont le droit de ne pas mettre de photo, mais qu' il leur est interdit de remplacer leur portrait par une quelconque autre image ou dessin». Enfin, il faut signaler que le président de la Hiise n'a pas cessé durant le forum d'insister sur «l'environnement instable que connaît la région où se trouve l'Algérie», prétexte pour appeler les Algériens à la participation massive. Refusant les analyses selon lesquelles on tente de faire peur au peuple, il affirme qu'«il y a vraiment danger». «Il ne faut pas être dupe quand on est appelé à lire ce qui se passe en Syrie, en Libye, au Mali, au Yémen, etc.», conclut Abdelwahab Derbal pour qui «le vote est un devoir national».