Les résultats des élections qui ont fini par dévoiler au grand jour le gap abyssal qui sépare les Algériens de la politique - du moins telle que pratiquée actuellement -, semblent donner du fil à retordre à une classe dirigeante très gênée par le taux d'abstention record enregistré lors du vote du 4 mai. La démarche de Abdelmalek Sellal qui a entamé des consultations avec les chefs de partis politiques, 48 heures après l'annonce des résultats par le Conseil constitutionnel, répond, selon des observateurs, à l'impératif de donner du crédit au prochain gouvernement. L'offre adressée au président du MPS explique cette logique qui voudrait transcender les clivages politiques actuels. D'autres formations, issues de l'opposition notamment, peuvent être invitées à intégrer le gouvernement. Mais est-ce suffisant ? Rien n'est moins sûr. Et même l'idée d'un gouvernement d'union nationale, qui semble faire son petit bonhomme de chemin, n'est pas sûre de renverser la vapeur et de gagner la sympathie d'une société qui a envoyé un message de désaffection clair et précis. Vue sous cet angle, la future Assemblée nationale n'aura pas la tâche facile. Le contexte de crise et de rétrécissement comme une peau de chagrin des recettes pétrolières annonce déjà des lendemains peu enchanteurs. Le futur gouvernement qui aura à conduire les affaires du pays fera face à des choix décisifs, voire même impopulaires au vu de toute la panoplie de réformes sociales et économiques qui restent à concrétiser. Le contexte est globalement contraignant quand on sait que les prix du pétrole ne sont pas près de sortir de la stagnation actuelle. Comment assurer les équilibres budgétaires ? Une équation qui ne manque pas de difficulté. Abdelmalek Sellal aura beau vanter les vertus du nouveau modèle économique, il n'en demeure pas moins que des questions d'ordre social n'attendront pas les années qu'il faut pour récolter les fruits de ce projet économique cher au président de la République. Sur ce plan en particulier, il est peut-être utile de lancer un véritable dialogue sincère et sans exclusive avec les partenaires sociaux. Il est quand même révoltant et politiquement suicidaire de continuer à refuser tout droit de cité aux syndicats autonomes qui plus est n'ont plus à prouver leur ancrage au sein de la masse des travailleurs. S'entêter à leur fermer la porte indéfiniment est porteur de risques majeurs. Idem pour les acteurs issus de la société civile. Nul besoin de rappeler ici que toute action du gouvernement qui n'inclut pas la société civile est vouée d'une manière ou d'une autre à l'échec. Les ingrédients d'une instabilité sociale sont aujourd'hui réunis. L'urgence consiste à faire du dialogue un outil de résolution de crise et de construction. L'enjeu n'est pas seulement économique. Il renvoie directement à la stabilité du pays.