La campagne «électorale» qu'on croyait achevée avec les déclarations pour le moins étonnantes du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui assurait que son parti allait gagner la majorité au Parlement, se poursuit finalement pour d'autres «élections» autrement plus décisives qui commencent à se dessiner : celles du gouvernement dont les contours sont en train d'être peaufinés par le très probable futur Premier ministre Abdelmalek Sellal qui fait le tour des formations prêtes à intégrer son nouvel exécutif «saison5», voulu cette fois-ci consensuel, pour faire oublier un tant soit peu le fiasco des législatives boudées par la population. Et c'est encore le «combattant» Ould Abbès, toujours lui, qui anime (envenime ?) cette post-campagne, sans doute pour faire oublier la débâcle du FLN et la colère qui couve au sein de son comité central et à sa périphérie. Et la victime «expiatoire», le bouc émissaire, comme durant les 21 jours qu'a duré la campagne pour les législatives du 4 mai, n'est autre qu'Ahmed Ouyahia, SG du RND et néanmoins conseiller à la présidence de la République. «Condamné» à reprendre le dessus sur un rival de taille dont le parti, à l'issue des tractations menées par Sellal, pourrait se voir confier les plus importants postes, Ould Abbès lui dénie d'abord l'«appartenance» au programme du président, puisque lui-même avait plutôt essayé d'étaler les idées de son parti pour les prochaines années, et lui reproche ensuite ses «ambitions présidentielles» pour 2019, qualifiées de «tentations», voire, plutôt, de «péché originel». Les ambitions d'Ouyahia dérangent-elles à ce point le premier responsable du FLN qui se targue depuis des lustres du soutien «indéfectible» du président de la Républi-que, également président du parti, et à un degré moindre de celui du Premier ministre qui allait même à un certain moment être désigné pour diriger une liste du parti lors des législatives? Si Ouyahia devait avoir de telles ambitions, ce serait somme toute logique pour tout homme politique «carriériste». Il est même dans son rôle que n'admet pas pour l'heure un Djamel Ould Abbès plutôt «retraitable», qui promet de passer le flambeau aux jeunes tout en reconduisant ou en intégrant dans les listes du parti, de «gros bonnets de la finance» et des sexagénaires qui bénéficieront au bout de leur mandat, d'une retraite dorée, eux aussi. Une chose est sûre : les gesticulations de Djamel Ould Abbès depuis son intronisation «musclée» à la tête du FLN ne sont pas seulement destinées à abattre son «frère-ennemi», qui reprend peu à peu son statut d'homme d'Etat, comme il aime lui-même à se définir, à l'ombre des calculs et des reculs. Elles répondent quasi certainement à un agenda pré-élaboré. Cette bataille risque de durer, surtout si le consensus recherché s'avère impossible à réaliser.