C'est aujourd'hui que le Mouvement de la société pour la paix (MSP) rendra publique la décision de son conseil consultatif quant à sa participation au prochain gouvernement. Cette instance s'est réunie pendant toute la journée d'hier, une session extraordinaire à huis clos, et un black-out total a entouré ses travaux. Mais selon certaines indiscrétions, la tendance générale au sein du conseil consultatif était au rejet de l'offre faite par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au nom du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, au parti islamiste. L'Alliance MSP-FC a récolté 34 sièges aux élections législatives du 4 mai, se classant à la troisième place, juste après le FLN (161 sièges) et le RND (100). Le Premier ministre, dans le cadre des tractations pour la formation du gouvernement, a rencontré le président du MSP, Abderrazak Makri. Ce dernier est le chef de file des opposants au retour du parti à l'Exécutif. Dans l'autre camp, il y a l'ancien président du parti, Bouguerra Soltani, qui a tenté de peser de tout son poids en faveur de l'intégration au gouvernement. Nostalgique de la défunte alliance présidentielle, Soltani ne rate aucune occasion, dont la dernière en date était la réunion du conseil consultatif, hier, pour plaider en faveur de ce retour. Entre les deux camps, les débats étaient certainement houleux. Mais face à la presse, des membres de l'instance ont affirmé que «les travaux se déroulent dans le calme et dans une sérénité totale». Sauf surprise de dernière minute, le conseil consultatif du MSP dira non à l'offre de la présidence de la République. Le président du parti, Abderrazak Makri, farouche opposant au retour du parti au pouvoir, est allé jusqu'à qualifier l'aile qui plaide pour l'intégration d'«opportuniste», menaçant de démissionner au cas où la décision serait favorable à la participation. A la veille de la tenue de cette réunion «décisive» pour l'avenir du parti, il a affirmé que la tendance pour la non-participation est acquise au sein du Conseil. En tout cas, l'offre du gouvernement risque de mettre le parti de Makri dans une zone de turbulences dont il lui sera difficile de sortir indemne. «Il y a une crise silencieuse au sein du parti», estime Abderrahmane Saïdi, ancien président du Conseil consultatif, dans des déclarations aux médias. Selon lui, le MSP doit se préparer aux défis et échéances à venir, à commencer par les élections locales de 2017 et la présidentielle de 2019. «Il vaut mieux être au sein du gouvernement pour bien se positionner en perspective de ces défis et échéances», a-t-il argué. Au moment où nous mettons sous presse, les travaux de la réunion se poursuivent. La décision sera annoncée aujourd'hui par le président du parti lors d'une conférence de presse. Le siège du parti a connu un climat peu ordinaire, en raison de l'importance de la réunion. La séance de la matinée était consacrée à l'évaluation de la participation du parti aux élections législatives. Ce n'est que l'après-midi, après la prière du vendredi, que les débats sur l'offre de Sellal ont été entamés. Qu'en est-il alors de l'avenir du projet d'union avec le Front du changement (FC) de Abdelmadjid Menasra, lui aussi convié à participer au gouvernement. Au sein du MSP, on estime que les réponses des deux partis ne remettront pas en cause le projet d'unification, même si les décisions seront opposées.