La crise est visiblement passée par là ! Le tourisme figure, en effet, parmi les secteurs les plus vulnérables et le premier à être impacté par le recul du niveau de vie des ménages. De moins en moins dépensiers, les Algériens préfèrent garder leurs sous en ces temps de vaches maigres. Une attitude exacerbée par l'approche de la période des grandes dépenses, dont le mois de Ramadhan et les fêtes de mariage. Quant aux voyages, ce loisir pourtant considéré parfois comme une nécessité pour reprendre des forces en prévision de la prochaine rentrée sociale, cette tradition acquise ces dernières années par les catégories sociales moyennes sera cette fois-ci reléguée au second, voire au troisième plan pour une grande partie d'entre eux. Craignant un avenir incertain, les Algériens ne se sont donc pas déplacés en masse à la Safex d'Alger pour visiter la 18e édition du Salon international du tourisme et des voyages (SITEV). Cette attitude a été également adoptée par des exposants habitués du salon. De 256 l'an dernier, leur nombre atteint difficilement les 180 pour la présente édition. A part les stands des opérateurs nationaux - Office national algérien du tourisme (ONAT), Touring Club d'Algérie (TCA) ou encore les compagnies aériennes, hôtels et restaurants, école de formation aux métiers du tourisme et les quelques agences de voyages privées qui proposent des séjours en Russie, au Maroc ou en Europe -, la présence étrangère se limite à celle des Tunisiens (plus ou moins en force), des Turcs et des Egyptiens. Des invités du salon qui ont l'habitude d'y prendre part, ont brillé cette année par leur absence. Il s'agit entre autres de la Grèce, représentée l'année dernière par Dam Tours, ou alors des pays tropicaux tels que le Kenya. Interrogé à l'occasion de la première journée du salon qui doit durer du 19 au 22 du mois en cours, un représentant d'une agence privée de voyages révèle que leur activité connaît depuis quelques années déjà de sérieuses difficultés pour survivre, avant que la crise ne vienne en rajouter une couche. «Cette année encore, nous allons être confrontés à des difficultés du fait que la saison estivale sera amputée du mois de juin. Après Ramadhan, on connaîtra un pic d'activité mais qui ne sera certainement pas suffisant en terme de réservations, puisque nos potentiels clients auront fait face à un mois d'intenses dépenses», a analysé notre interlocuteur qui, lui aussi, craint le pire aussi bien pour son agence que pour le secteur du tourisme d'une façon générale. 100 hôtels à réceptionner Après avoir inauguré le salon, le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelwahab Nouri, a axé son intervention lors d'un point presse sur la promotion de la destination Algérie. Pour le ministre, le diagnostic est fait pour redonner à une telle destination ses lettres de noblesse. Dans ce sens, il a annoncé que son secteur «devrait réceptionner 100 nouveaux établissements hôteliers en 2017, en vue de combler le déficit en matière d'hébergement». Aussi, il a mis en avant la nécessité de réhabiliter les infrastructures touristiques publiques pour lesquelles l'Etat a consacré un milliard de dollars. L'autre entrave au développement du tourisme local souligné par le ministre est celle des visas pour les touristes étrangers. Sur cette question, Nouri a rappelé qu'«un groupe de travail installé au niveau du Premier ministère, qui compte le ministre des Affaires étrangères, ceux de l'Intérieur et des Collectivités locales et du Tourisme, s'attelle à trouver les moyens à même de faciliter les procédures d'entrée en Algérie aux touristes étrangers, au niveau des consulats et ambassades algériennes à l'étranger». Après toutes ces mesures, il faudra surtout inculquer aux professionnels du secteur ainsi qu'à toute la population la culture du tourisme, ont soutenu les présents à l'inauguration du salon.