Depuis le temps où le discours officiel plaidait en faveur d'un tourisme fort en mesure de supplanter le système de la rente, force est de constater que ce secteur reste marginal. C'est du moins l'avis de plusieurs professionnels du secteur que nous avons rencontrés hier à Alger à l'occasion de l'inauguration de la 17e édition du Salon international du tourisme et voyages (Sitev). Selon le président de la Fédération nationale des hôteliers algériens (FNH), Ahmed Oulbachir, «le tourisme est un secteur qu'il faut prendre avec beaucoup de sérieux si l'on veut qu'il occupe une place importante dans l'économie nationale», a d'emblée répondu notre interlocuteur qui ajoute qu'il est nécessaire de «dépasser les simples déclarations politiques et de les transformer en véritables faits et gestes». Pour Oulbachir, les entraves pour la réalisation de projets touristiques et hôteliers se situent pour la majeure partie des cas au niveau local. «Il faudrait que les walis accordent plus de facilité et soient des alliés des opérateurs en les aidant à avoir des autorisations de permis de construire et de conformité.» En dépit des entraves que les investisseurs trouvent sur le terrain, le secteur connaît un dynamisme sans précédent. S'appuyant sur des chiffres, le président de la FNH a révélé que «de 1200 hôtels en 2014, notre pays est passé à 2000 à fin 2015». «C'est un saut quantitatif important et des initiatives qui ne demandent qu'à être encouragées», a appelé le président de la fédération. Concernant la stabilité que connaît le département du tourisme, notre interlocuteur estime qu'il s'agit de la preuve que les pouvoirs publics ne prennent pas au sérieux ce secteur, pourtant vital. «Nous avons connu 17 ministres en l'espace de seulement vingt années», a-t-il argué, avant de démentir les chiffres avancés par des officiels et faisant état de l'accueil de 3,5 millions de touristes par an. Car, d'après lui, le nombre ne dépasserait pas les 40 000 touristes/an, le reste est constitué de notre communauté à l'étranger. Sur la question de savoir si oui ou non l'Algérie peut constituer une véritable destination dans la région, la chargée de communication de l'Office national algérien du tourisme (Onat), Nesrine Rouane, a répondu qu'il est possible à condition de lever certaines entraves. En les énumérant, la responsable auprès de l'Onat met en avant la question des visas à laquelle les préposés à venir visiter notre pays sont confrontés. Le second souci pour les opérateurs, tels que l'Onat, réside dans la cherté des billets d'avion à destination de l'Algérie et aussi le manque d'infrastructures. Pour pallier ces problèmes, Mme Rouane déroule la stratégie de la boîte qui consiste à tisser son propre réseau d'hébergement en commençant par la construction de villages touristiques, tels que ceux de Djanet et Timimoun pour accueillir les touristes en plus de conventions signées avec les hôtels. Le 17e Sitev a ouvert ses portes hier à Alger et ce jusqu'à mercredi avec la participation de 256 exposants dont 23 représentants de 15 pays étrangers. Organisé sous le slogan «Tourisme et économie durable», le Sitev a été inauguré par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en présence des membres du gouvernement et des représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie.