Même si on lui reconnaît le mérite d'avoir redonné à Alger, l'espace de quelques jours, son cachet de chef de file des organisations régionales, en parvenant à mettre saoudiens, iraniens, irakiens et koweitiens autour d'une même table de négociations à l'occasion de la rencontre de l'Opep à Alger, cela n'a décidément pas été suffisant pour le maintenir au sein du gouvernement Tebboune. Contre toute attente, Noureddine Boutarfa a été donc éjecté de l'Exécutif au moment même où il était à Vienne en train de négocier avec ses homologues de l'Opep et non-Opep de la reconduction de l'accord d' Alger pour le maintien du gel de la production du brut afin de stabiliser l'offre et les prix. Surgissant là où on l'attendait le moins, Boutarfa a été d'abord remarquable par le fait qu'il soit le premier ministre de l'Energie à ne pas être issu de la corporation des pétroliers. Ayant débuté sa carrière à la tête de Sonelgaz en 1974, personne ne s'attendait à ce que cet ingénieur, tout de même sorti de l'Institut Algérien du Pétrole (IAP) et diplômé des instituts allemand, canadien et français arrive un jour à «sauver l'Opep», chose que lui reconnaissent ses pairs et les médias occidentaux. Quoi qu'il soit difficile de connaître les véritables motivations de son éviction et en admettant que le poste de ministre n'est pas éternel, certains éléments peuvent en partie expliquer les raisons de son départ. Le premier qu'il y a lieu d'évoquer est celui de son manque d'agressivité dans la gestion du dossier du gazoduc nigérian qui traverse le Maroc. Connaissant le caractère sensible et de concurrence entre les deux pays voisins, on reprocherait donc à Boutarfa de ne pas être assez efficace pour faire changer d'avis les Nigérians, pourtant alliés de l'Algérie dans la question sahraouie, à opter pour le couloir saharien dans son projet de faire parvenir à l'Europe le gaz à partir de ce grand producteur africain. Au plan national, Noureddine Boutarfa qui cède pour la seconde fois sa place à Mustapha Guitouni (il l'avait déjà remplacé à la tête de Sonelgaz) n'a pas réussi à faire accélérer le développement des énergies renouvelables. Pourtant, même du temps où il était premier responsable de Sonelgaz, le photovoltaïque était son credo. Selon les ambitions du gouvernement, les capacités de production électrique installées pourront atteindre les 12 000 mégawatts en 2030. Or, pour le moment, elles ne sont qu'à 500 mégawatts, et la crise financière ne boostera certainement pas les projets en cours ou ceux dans le pipe. L'autre mission confiée à Boutarfa lorsqu'il a été intégré dans le gouvernement Sellal était entre autres celle de trouver un tarif équitable du kilowatt/heure. Connu pour ses positions en faveur de la hausse des prix de l'électricité, seul moyen, selon lui, de sauver la compagnie nationale d'une faille certaine, Boutarfa n'a rien pu faire. Pendant son règne à la Cité Chaâbani, Sonelgaz a continué à crouler sous les dettes, n'arrivant pas à récupérer les milliards de dinars de créances impayées, surtout auprès des entreprises et des administrations publiques.