Le hasard a fait que le verdict soit prononcé le jour où 4 organisations non gouvernementales (ONG) demandent aux autorités algériennes de respecter les obligations internationales. Kamel Eddine Fekhar, en détention depuis près de deux ans, sera libéré en juillet prochain. Dimanche dans la soirée, le tribunal de Médéa a condamné le militant mozabite à 5 ans de prison dont 24 mois ferme et à verser une amende de 50 000 DA. Fekhar, en prison depuis le 9 juillet 2015, en a déjà purgé 23 mois. Sa libération devra donc intervenir le 9 juillet prochain. Bien qu'ils dénoncent «un procès injuste», ses avocats ont décidé de ne pas faire appel, du moment que sa liberté est désormais assurée, ce qui lui permettra de se soigner et de se prendre en charge, après une longue grève de la faim qui aurait pu causer sa mort. Une joie indescriptible régnait lundi matin à Ghardaïa après la libération d'un premier groupe de détenus dans le même procès. Ils étaient en tout, rappelons-le, 36 militants à avoir été interpellés suite aux affrontements intercommunautaires qui avaient secoué la même ville. Le tribunal de Médéa a prononcé différents verdicts à l'encontre des accusés. 14 détenus ont été acquittés, 12 autres personnes ont été condamnées à 3 ans de prison dont 18 mois ferme en plus de 100 000 DA d'amande, tandis que 3 ont écopé de 4 ans de prison dont 14 mois ferme et 100 000 dinars d'amende. Fekhar et 4 de ses codétenus ont, quant à eux, été condamnés à 5 ans de prison dont deux ans ferme et une amende de 50 000 DA. Enfin, deux autres accusés ont écopé de 3 ans de prison dont 8 et 9 mois ferme, assortis de 100 000 DA d'amende. Tous ceux qui ont déjà passé une durée de détention égale ou supérieure à celles prononcées par le juge ont été libérés. Accusé d'«atteinte à la sûreté de l'Etat» et d'«incitation à la haine raciale» entre autres, Kamel Eddine Fekhar avait entamé en janvier dernier une grève de la fin pour protester contre son incarcération et dénoncer «une injustice». Plus de trois mois après, il suspendra son action, après des appels parvenus de plusieurs acteurs et militants qui s'étaient constitués en collectif de soutien. Un grand élan de solidarité s'est constitué autour de son affaire qui a dépassé les frontières du pays et a fait réagir plusieurs organisations de défense des droits de l'homme. La dernière en date, celle de 4 ONG qui ont appelé l'Algérie à «respecter ses obligations internationales». Dans un communiqué, Amnesty International, Human Rights Watch, EuroMed Rights et Front Line Defenders ont indiqué lundi «les autorités algériennes devraient abandonner tous les chefs d'inculpation retenus» contre Fekhar et ses codétenus. S'indignant contre «la longue détention préventive infligée aux prévenus, sans fournir dans chaque cas une justification», les mêmes ONG ont dénoncé «une violation de leurs droits à la liberté et à des procédures équitables, qui incluent la présomption d'une remise en liberté dans l'attente du procès».