Le rôle de Washington dans la crise diplomatique opposant l'Arabie saoudite au Qatar est ambigu, comme l'illustre la contradiction dans les propos tenus par Trump et son sécrétaire d'Etat. Tandis que le président américain accuse le Qatar de soutenir le terrorisme, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson réclamé la levée de l'embargo décidé par nombre de pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite, contre Doha. A quelques heures d'intervalle, Rex Tillerson a assuré que les mesures prises par certains pays arabes contre le Qatar mettaient en péril l'action américaine contre Daech, et Donald Trump a de nouveau accusé l'émirat de soutenir le terrorisme. «Nous appelons le royaume d'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte à lever le blocus contre le Qatar», a réclamé Rex Tillerson en conférence de presse le 9 juin. Le secrétaire d'Etat américain, qui s'exprimait depuis Washington, a ajouté : «Le blocus gêne l'action militaire américaine dans la région et la campagne contre Daech. Nous demandons qu'il n'y ait pas de nouvelle escalade des parties dans la région.» Acceptant la proposition de conciliation faite par l'émir du Koweït, Rex Tillerson a accusé le Qatar de soutien aux groupes terroristes. Quelques heures après l'intervention du secrétaire d'Etat américain, Donald Trump a lancé, lors d'une conférence de presse à Washington : «J'ai décidé, avec le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, nos éminents généraux et les militaires, que le temps était venu d'appeler le Qatar à stopper son financement du terrorisme et son idéologie extrémiste». Un groupe de pays arabes, dont l'Arabie saoudite et l'Egypte, a rompu ses liens diplomatiques et commerciaux avec le Qatar, l'accusant notamment de soutenir le terrorisme, ce que conteste Doha. Sur Twitter, le locataire de Washington avait insinué que son voyage en mai au Proche-Orient, où il avait notamment rencontré le roi d'Arabie saoudite, était à la base de cette décision. Il parle de triomphe de la diplomatique américaine. Le Qatar abrite deux infrastructures militaires utilisées par les Américains : la base aérienne qatarie d'El Oudeid et le camp américain d'Es Saliyah. Ce dernier avait notamment été utilisé par l'armée américaine lors de l'invasion de l'Irak en 2003. Il était énigmatique que l'Arabie saoudite découvre subitement que le Qatar finance le terrorisme, n'était l'explication exprimée par le président américain selon qui l'Arabie saoudite a appliqué son instruction de rompre la coopération diplomatique avec le Qatar. L'Arabie saoudite qui soutient des terroristes en guerre contre le gouvernement légal de Damas, tente d'obtenir les faveurs de Washington, en obéissant au président américain. La monarchie pétrolière a également conclu des contrats de 460 milliards de dollars avec les Américains, en contrepartie de l'acharnement de Washington contre l'Iran, la caution aux crimes de guerre perpétrés par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite contre le peuple du Yémen, et l'annulation des plaintes déposées par les Américains pour les attentats du 11 septembre 2001. C'est méconnaître le caractère d'homme d'affaires du nouveau président américain qui ne manquera pas de dépouiller davantage l'Arabie saoudite et également le Qatar à qui il proposera la réconciliation avec la monarchie pétrolière en contrepartie de l'argent. Le président américain qui a, pendant le sommet arabo-islamo-américain tenu il y a quelques jours, en Arabie saoudite, divisé les pays musulmans en obtenant un accord contre l'Iran, maintient le clivage en montant cette fois une partie des pays arabes contre le Qatar.