Le Qatar et les Etats-Unis ont annoncé mardi un accord bilatéral pour lutter contre le financement du "terrorisme", au moment où Doha est mis à l'index par ses voisins pour son soutien présumé aux groupes extrémistes. L'annonce a été faite par le ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, et le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson qui effectue une visite à Doha dans le cadre d'une médiation dans la crise qui oppose le Qatar à l'Arabie saoudite et ses alliés. "Aujourd'hui, le Qatar est le premier pays à signer avec les Etats-Unis un programme pour la lutte contre le financement du terrorisme", a déclaré cheikh Mohammed. "Nous invitons les pays qui nous imposent un blocus à s'y joindre" a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse avec M. Tillerson, qui devrait se rendre mercredi en Arabie saoudite dans le cadre de sa tournée dans la région. L'accord précise "les efforts futurs que le Qatar peut faire pour renforcer sa lutte contre le terrorisme et s'attaquer activement aux problèmes du financement du terrorisme", a expliqué un conseiller du secrétaire d'Etat, RC Hammond. "C'est un pas en avant", a-t-il ajouté dans un communiqué. M. Tillerson a précisé que l'accord reposait sur la décision d'"éradique le terrorisme de la terre", prise par le sommet ayant réuni fin mai à Ryad une cinquantaine de dirigeants musulmans autour du président Donald Trump. Cet engagement "va commencer immédiatement sur plusieurs fronts", a-t-il ajouté. Le secrétaire d'Etat, qui a entamé sa tournée au Koweït, médiateur dans la crise du Golfe, doit rencontrer mercredi à Jeddah ses homologues d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et d'Egypte. "Cette réunion reflète la volonté des quatre pays de renforcer la coordination et de montrer leur unité quant aux relations futures avec le Qatar", a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères en annonçant la rencontre de Jeddah. Les quatre pays arabes ont rompu en juin leurs relations diplomatiques avec Doha, accusant l'émirat de soutenir des groupes islamistes radicaux et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran, rival de l'Arabie saoudite.
Un accord "insuffisant", jugent quatre pays arabes Les quatre pays arabes qui ont imposé des sanctions au Qatar ont jugé mardi "insuffisant" l'accord de lutte antiterroriste que viennent de signer Doha et Washington, selon un communiqué commun de l'Arabie saoudite, du Bahrein, de l'Egypte et des Emirats arabes unis. "Ce pas est insuffisant", écrivent ces pays dans le texte cité par l'agence de presse saoudienne SPA. Ils ajoutent qu'ils "surveilleront de près le sérieux des autorités qataries dans leur combat contre toutes formes de financement et de soutien du terrorisme". L'accord annoncé mardi pendant la visite du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson est "le résultat de pressions et d'appels répétés durant ces dernières années des quatre pays arabes et de leurs partenaires à l'encontre du Qatar pour qu'il cesse de soutenir le terrorisme", selon ces pays. Ils estiment que les engagements des autorités qataries "ne sont pas fiables", affirmant que de précédents engagements n'ont pas été tenus. Ils appellent donc à une "des contrôles stricts pour s'assurer de leur sérieux dans un retour sur le bon chemin". M. Tillerson a entamé lundi à Koweït une tournée dans le Golfe pour aider à trouver une issue à la crise inédite entre le Qatar et ses voisins, dont la puissante Arabie saoudite, à propos du soutien présumé de Doha aux groupes extrémistes et de ses liens avec l'Iran. Le Qatar rejette les accusations de "soutien au terrorisme" et refuse que lui soit dictée sa politique étrangère, alors que l'Iran chiite est le grand rival régional du royaume saoudien sunnite.