Militant engagé pour la cause nationale, qui s'est sacrifié pour l'indépendance, le moudjahid Henri Maillot est-il enfin " réhabilité " ? Après la conférence hommage organisé la semaine passée au musée du Moudjahid, à l'occasion du 61ème anniversaire de sa mort, un recueillement sur sa tombe a eu lieu, hier, au cimétière chrétien d'El Madania (ex-Clos Salembier), en présence de sa sœur aînée, Yvette, du ministre de la communication Djamel Kaouane, de nombreuses personnalités, dont l'ex-ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni et des anonymes. Celui qui a donné sa vie à la cause nationale en compagnie d'autres martyrs (Maurice Laban, Belkacem Hanoun, Djillali Moussaoui et Abdelkader Zalmat) assassinés le 5 juin 1956 dans la région de Chlef, est souvent oublié du côté officiel comme l'a souligné il y a une semaine, Merzak Chertouk qui s'était indigné lors de l'hommage qui lui a été rendu au musée du Moudjahid, du fait qu'aucune plaque commémorative ou édifice public ne porte son nom, soutenant que le nom de Maillot (CHU Debaghine) de Bab El Oued n'est qu'un homonyme. Pour le ministre de la communication, sa présence au recueillement est " un devoir de fidélité à ces martyrs qui se sont sacrifiés pour l'Algérie ". "C'est un engagement d'être avec les personnes qui ont combattu à nos côtés et qui sont tombés au champ d'honneur avec nos frères ". " Pour nous Algériens et musulmans, l'engagement était somme toute logique, mais pour Maillot, c'était défendre une cause ", reconnaît encore Zerhouni. Tahar Hocine, ancien Moudjahid de la wilaya 4 historique témoigne, pour sa part, en rappelant les faits d'armes du Moudjahid Henri Maillot qui a " le 5 avril 1961 ramené un camion rempli d'armes pour le donner au moudjahidine. " Il habitait ici à Salembier, comme Ivetan ", se rappelle-t-il non sans émotions. Un autre présent, un italien qui a aussi milité pour la cause nationale estime que maillot mérite " amplement " au moins qu'une rue porte son nom. Né à Alger en 1928 dans une famille pied-noire, ami depuis l'enfance de Fernand Iveton, son voisin du Clos-Salembier1, Henri Maillot était militant du Parti communiste algérien (PCA). Secrétaire général de l'Union de la Jeunesse Démocratique algérienne, il représenta l'Algérie dans des congrès de la jeunesse à Prague et à Varsovie. Il fut aussi employé par le quotidien Alger Républicain. La répression qui frappe les musulmans après le massacre du Constantinois en août 1955, marque profondément Henri Maillot, qui va alors confirmer ses choix politiques et se joindre aux Algériens engagés dans la lutte pour l'indépendance. Maillot se considérait avant tout comme Algérien. Dans sa lettre adressée à la presse, il écrivait : " Je ne suis pas musulman, mais je suis Algérien, d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. " Condamné à mort par contumace en mai 1956, Henri tomba au champ d'honneur lors d'une ambuscade des troupes de l'armée coloniale en juin 1961 après avoir combattu avec ses frères pendant des années.