Plusieurs médicaments traitant le cancer et le diabète sont en pénurie depuis quelques semaines au niveau des officines et des pharmacies des hôpitaux à l'échelle nationale. Il s'agit de plus d'une centaine de médicaments qui sont en rupture de stock de sécurité. Lotfi Benbahmed, président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens médecins, sonne l'alarme. Lors de son passage hier à l'émission de l'Invité de la rédaction, sur les ondes de la radio nationale, Benbahmed a précisé qu'il s'agit de plus d'une centaine de médicaments essentiels pour les traitements des maladies chroniques. Parmi les produits manquants ou en «insuffisante d'approvisionnement chronique», l'intervenant cite ceux utilisés pour des examens ophtalmologiques, les corticoïdes injectables de même que ceux destinés aux traitements en oncologie et en diabétologie. Une situation considérée comme inquiétante. Dans le cas où cette situation n'est pas rapidement maîtrisée, l'ordre des pharmacien tient à mettre en garde contre la résurgence de phénomènes spéculatifs entourant les produits de traitement qui existaient auparavant, telle l'importation illégale de dérivés contrefaits «dangereux et préjudiciables à la santé publique». Selon lui, l'équation devient très complexe. Il est impératif de prendre en compte la constitution de stocks de sécurité. «Il s'agit de plus d'une centaine de médicaments et la quantité varie selon les arrivages et les quotas distribués», a-t-il indiqué, en reconnaissant après que parmi les médicaments ciblés par les restrictions, il en existe certains dont les prescripteurs «pourraient bien se passer». Sans citer nommément les organismes responsables de ces restrictions, Benbahmed met en cause les «instruments de régulation» et appelle les pouvoirs publics à donner les «instructions nécessaires» pour que ces derniers pallient les insuffisances. Selon lui, les pénuries en matière de médicaments vont faire souffrir toute la profession de la pharmacie et bien évidemment les malades, qui souffrent actuellement de l'indisponibilité «chronique» d'un certain nombre de produits de soins. La liste des traitements «s'élargit et se rétrécit» en fonction des «arrivages et non arrivages», a-t-il souligné, imputant cette situation aux restrictions quantitative des quotas, avec pour conséquences un impact sur les stocks de sécurité. Pour pallier ce problème, l'intervenant estime que le médicament fait partie intégrante du secteur de la santé. Il s'appuie sur les déclarations du premier ministre Abdelmadjid Tebboune, qui avait assuré que le prochain plan d'action du gouvernement prendra en charge le secteur de la santé au même titre que celui de l'éducation nationale et l'habitat. Les solutions existent, selon lui. Il propose de donner plus de moyens à l'agence qui prendra en charge ces problématiques. Benbahmed souligne la nécessité de donner plus de moyens de régulation d'importation du médicament que la régulation elle-même. Et en ce qui concerne la prévention en matière de rupture de stock, le président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens et médecins appelle à mettre en place une réglementation pour anticiper les ruptures. Le ministère de la Santé et de la réformes hospitalière devrait également, selon Benbahmed, se doter d'un système d'alarme et d'un tableau de bord pour gérer la situation. Par ailleurs, l'intervenant a mis l'accent sur l'utilité d'encourager la production nationale qui couvre actuellement 55% des besoins en médicaments. Il s'agit là d'une situation qui doit être soutenue en réévaluant les prix du produit fabriqué localement. Fella H.