Voila zigoto qui bat sa maman. L'ogre qui bouffe le foie de la maman. Une maman pas prête à maudire, mais à s'en remettre à Allah et à la présidente du pénal. Et cette juge est elle aussi une mère de famille. Le procureur a requis cinq ans ferme. Fadel M. avait franchement une tronche à claques en arrivant à la barre à quarante centimètres de la victime de coups et blessures volontaires. Et cette victime n'est pas n'importe qui. Il s'agit de la maman de Si Fadel dont la face est franchement tordue par la faute d'une grimace éloquente. Une grimace qui va durer le temps de parole de la vieille femme dont la voix est éteinte par la douleur et surtout la colère, une colère justifiée... Fella Ghezloune, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger) pose une bonne question au détenu qui répond par la forme négative «je ne lui ai rien dit, je le jure non, je suis innocent», se défend-il avec beaucoup de mots pas à leur place. La juge reprend : - Le tribunal n'a pas dit ce que vous aviez dit à votre mère mais ce que vous lui aviez fait, il y a une nuance de taille. Fadel tourne la tête vers sa maman. Il va rester dans cette position jusqu'au moment où Messaoud Kennas, le président du ministère public, va requérir une peine de prison de cinq ans. Juste après la question de la présidente, le détenu reprend dans la foulée : «Maman, je t'ai fait du mal ?» - Non vous n'avez pas le droit de poser des questions. Ici, seul le tribunal en pose et vous répondez. Et je vous rappelle que vous êtes libre de ne pas répondre et cela peut peser plus tard dans la balance. «Je le jure, maman. Je ne t'ai rien fait....» - Si, madame la présidente. Il m'a battue, il m'a humiliée. Il m'a insultée. Je ne peux même pas répéter les mots qu'il m'a envoyés à la face. J'ai honte à sa place. Je n'ai pas envie de le maudire Allah l'interdit, mais mon cœur lui veut le bien, récite la pauvre malheureuse maman qui respire tout de même à fond, histoire de remercier la magistrate, elle-même mère de famille. C'est bon, inculpé cessez d'interrompre votre maman et le tribunal retiendra vos échappatoires. Tant pis pour vous ! a tranché apparemment Ghezloune cool ce mercredi, dix heures vingt et quelques poussières de secondes. -Que demandez-vous Hadja ? Dit en clignant des cils la juge qui n'appréciera pas -sans le montrer- la seconde moitié de la réponse de la victime : «Qu'il me laisse en paix et si la loi le permet, qu'il s'en aille !» Pour la première fois, Ghezloune fait la moue ! «Non, Hadja, votre fils doit rester avec vous et le tribunal pense qu'il peut retrouver le droit chemin. Enfin, le tribunal pense.....», explique-t-il, le nez en l'air. Fadel, lui, reste accroché à sa position tête tounée vers la maman, telle une huître contre le rocher. Enfin, le dernier mot du détenu aura été : «Je n'ai rien... dit !» il y tient à ce verbe faire. A l'issue de la mise en examen du dossier pour le 2 juillet 2009, Fadel se tient la tête avant de rejoindre les autres inculpés, dans un état lamentable et dévastateur comme quoi il n'est jamais indiqué d'agresser quelqu'un surtout les parents.