Venant au nom de son fils mineur victime de coups et blessures volontaires, une mère de famille a été incapable de bien se tenir à l'audience. Elle s'y est prise de telle manière jusqu'à soulever l'ire de la présidente. Cette dernière n'en voulait pas tellement à la justiciable mais surtout à cette maudite inculture en matière des us et coutumes au sein des salles d'audience ! Bof, l'essentiel est que justice soit rendue, le reste importe peu même si certains magistrats y tiennent !... La maman du mineur agressé a créé un douloureux malaise avec comme première victime... Kirat, la juge du pénal du tribunal de Bir Mourad Raïs (Cour d'Alger). Oui, la mère de la victime de coups et blessures était arrivée au tribunal ce mardi sans aucune culture autour des us et coutumes des juridictions. D'abord, à la barre sur laquelle elle s'y était appuyée lorsque l'inculpé, un beau jeune barbu proprement vêtu à la séoudienne, niait avec force les faits selon lesquels il aurait corrigé l'ado de dix-sept ans ! La maman hochait la tête avant de l'interrompre à plusieurs reprises avec l'intervention énergique d'une Samira Kirat qui n'avait pas besoin de tels comportements à l'audience. D'ailleurs, à un moment donné, beaucoup plus agacé qu'amusé, Abdelkrim Bouderbali, le représentant du ministère public avait rappelé à l'ordre la dame qui ne voulait pas comprendre une bonne fois pour toutes que l'on ne se trouvait pas au bain maure ou au marché pour que tout le monde se mette à discuter au même moment. Selon l'inculpé, il n'avait pas levé la main sur le mineur, il ne voulait pas jurer par Allah, peut-être que sa propre culture personnelle apprise en famille l'en empêchait. En tout cas, il n'a pas prononcé Allah une seule fois contrairement à la maman qui, avant de se mettre à pleurer à chaudes larmes autour de la raclée reçue par son petit, comme elle l'avait souligné à plusieurs reprises, avait évoqué Allah plus de dix fois !!! «Madame, ça suffit. Vous allez maintenant nous laisser travailler. Votre statut de victime ne vous permet pas de perturber les débats ni de polluer l'atmosphère par vos interventions intempestives et gênantes. Le tribunal a besoin de sérénité pour tirer cette affaire au clair», avait martelé Kirat la magistrate qui avait fait mouche car la mère allait ne plus se permettre aucun faux mouvement jusqu'au prononcé de la mise en examen du dossier. Auparavant, l'unique témoin, lui aussi habillé à la séoudienne, avec un air jovial, avait narré les faits selon sa conscience puisqu'il avait prêté serment de ne dire que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Le témoignage était douloureux et l'inculpé avait perdu de sa superbe puisque juste après, au moment où il avait été invité par Kirat-Aroui la juge à prononcer le traditionnel dernier mot que la loi lui accordait, il avait (sans jurer) là aussi dit que le témoin était dehors au moment des faits. D'ailleurs, à un moment donné l'inculpé a failli vaciller car quelque chose venait de se produire au moment où la présidente avait libéré tout ce beau monde en annonçant dans la foulée la mise en examen du dossier. Et qu'est-ce qui venait de se produire ? La maman crut bon de s'adresser au brigadier de police chargé de la garde rapprochée de la bâtisse pour lui souffler : «Alors, elle va le punir»? Tout comme la maman, l'inculpé, lui aussi un ignorant en matière de justice, avait cru que le brigadier allait... l'embarquer ! Le pauvre ! Pas le brigadier ! Non, l'inculpé !