La tricherie est devenue une épidémie qui gangrène l'école algérienne à tous les niveaux. Après les cas de fraude enregistrés durant les trois derniers baccalauréats, c'est le concours de recrutement des enseignants qui vient d'être entaché cette année encore par une tricherie massive. Le déroulement du concours organisé jeudi dernier et qui a vu la participation de 700 000 candidats en a indigné plus d'un. Syndicats, parents et même des élèves ont tous exprimé leurs regrets sur les réseaux sociaux en ce début de week-end. Le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) n'a pas tardé à réagir en dénonçant «la forme et la manière de déroulement» du concours de recrutement. Nabil Ferguenis, porte-parole du dit syndicat, reproche d'abord la mauvaise organisation de cet examen. «Organiser quatre épreuves en une journée est complètement aberrant», s'indigne-t-il. Selon lui, tester un candidat de 8 à 19 h n'est pas une méthode efficace pour «juger des capacités des futurs enseignants», d'autant qu'après le concours, les lauréats n'auront, s'étonne notre interlocuteur, que seulement 15 jours de formation. «Deux semaines et ils vont rejoindre les établissements scolaires en septembre prochain pour enseigner ! Ce n'est pas normal. Le Snapap est contre cette méthode», insiste notre interlocuteur qui estime que pour former un enseignant, «il faudrait au moins 3 à 4 ans plus des stages pratiques. C'est ce qu'il faudra faire si nous voulons un enseignement de qualité». Ceci, dit-il, en plus d'ouvrir des Ecoles nationales d'enseignants et des Instituts Technologiques d'Enseignement. Mais le pire, s'indigne le porte-parole du Snapap, est la tricherie massive qui a scandalisé ce concours d'avant-hier. «Malheureusement, la triche en Algérie se fait à grande échelle, en commençant par les élections électorales», reconnaît-il. Mais cela n'empêche pas, estime Nabil Ferguenis, de «condamner ces comportements qui donnent une autre fois une mauvaise image de l'éducation en Algérie. Ce sont des actes à condamner». Les sujets des quatre épreuves ont été, quelques secondes après leur distribution, témoigne le syndicaliste, publiés sur des pages Facebook. En quelques clics, c'est pratiquement tous les candidats qui y avaient accès. D'autant, témoignent certains candidats, que les consignes qui interdisent l'introduction d'appareils technologiques à l'intérieur des salles d'examen n'ont pas été rappelées aux candidats. «A aucun moment les surveillants ne nous ont demandé de remettre nos téléphones portables. Des candidats qui se trouvaient dans la même salle que la mienne utilisaient sans gêne leur Smartphone», témoigne Yasmine, candidate de la daïra de Mekla, Tizi Ouzou. Sur les réseaux sociaux, hier, de nombreux messages d'indignation n'ont cessé d'être relatés, reprochant aux candidats «leur immoralité». «Vous allez demain venir nous faire des leçons de morale sur la triche, la fraude et la malhonnêteté alors que vous avez décroché votre poste sans mérite», écrit Laïb sur la page Jeunesse Algérienne. Pour certains parents d'élève, «il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, les élèves trichent, les enseignant trichent, c'est quoi la finalité de ce laisser-aller?» demande Mohamed, membre de l'association d'élèves du primaire de la wilaya d'Alger. Notre interlocuteur affirme que «si nos enfants trichent, c'est parce qu'ils y sont encouragés. Mon propre fils a passé son examen de fin de cycle primaire, il m'a déclaré que ce sont les surveillants mêmes qui leur demandaient de copier sur leur camarade ou de prendre leur cahier».