Pour accompagner la transition économique que l'Algérie tente de mener depuis le début de la chute des prix du brut, les banques, notamment publiques, doivent nécessairement faire leur mue en opérant une profonde réforme de leur système. Une transformation à laquelle le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, ne cesse d'appeler depuis sa nomination par le chef de l'Etat pour mener à bien son projet de diversification de l'économie et de réduction de la facture des importations. En donnant un état des lieux sur les banques, Tebboune n'a pas été tendre avec les institutions financières publiques lesquelles continuent à fonctionner avec des méthodes anachroniques. Selon lui, «le système financier, notamment les banques et les sociétés financières publiques, a besoin, de façon indispensable et urgente, d'une réforme de ses modes de gestion, afin qu'elles deviennent des instruments efficaces au service de l'économie nationale». Lors d'une conférence de presse, animée juste après l'adoption par les membres du Conseil de la nation d'une résolution de soutien au Plan d'action du gouvernement, le chef de l'exécutif a fait un constat peu reluisant du mode de fonctionnement des banques. «Les banques publiques, à l'état actuel, fonctionnent comme des guichets de gestion des comptes, et notre action vise à les faire sortir de ce mode classique pour qu'elles deviennent une vraie locomotive pour la relance de la croissance et l'accompagnement du climat général des affaires et de l'investissement», a-t-alerté. En effet, à une époque où les systèmes financiers ont été à l'origine de la puissance dont jouissent aujourd'hui certains pays développés ou émergents, les banques publiques algériennes sont réduites, en partie à cause de l'intervention du politique, à de simple agences pour déposer et retirer ses dinars au lieu de jouer le rôle de financement de l'investissement. Parallèlement au système bancaire, les autres sources de financement, dont la Bourse, sont aussi à revoir pour contribuer elles aussi à l'essor de l'économie nationale. De nos jours, le système algérien compte vingt banques commerciales au côté de la Banque centrale, trois bureaux de représentation de grandes banques internationales, une bourse des valeurs, une société de clearing chargée des fonctions de dépositaires, trois caisses d'assurance-crédit et une société de refinancement hypothécaire. Les 1.200 agences des réseaux bancaires restent toutefois dominées par les banques publiques à hauteur de 99 %. Contrairement aux années 80 et début 90, les banques algériennes ont toutefois fait quelques efforts. Ainsi, l'intervention des banques dans le financement des activités économiques a évolué. Selon des spécialistes financiers, le secteur bancaire s'est engagé dans une mutation qui devrait se traduire par une bancarisation plus importante et par des opérations plus rapides. La modernisation peut s'accélérer par la mise en œuvre de partenariat avec les institutions bancaires et financières internationales. Le plan de relance de l'économie et de privatisation offre en outre d'autres opportunités, notamment dans l'ingénierie financière, le montage financier des grands projets et le développement de financement de type leasing ou capital-risque.