Depuis hier, le village Ath Khir relevant de la commune d'Aït Khellili (daïra de Mekla), à 35 km à l'est de Tizi Ouzou, s'est vêtu de ses plus beaux atours avec le lancement de la 2e édition de la fête de la poterie, qui se veut un hommage à toutes les femmes du village qui perpétuent cet art artisanal ancestral transmis de génération en génération. Cette fête lancée l'année dernière et à laquelle prennent part une cinquantaine d'artisans célèbre ainsi les produits artisanaux ou des produits du terroir, notamment agricoles. C'est l'association Isselqam n'Talaght qui organise cette nouvelle édition de fête de la poterie qui s'étalera jusqu'au 24 juillet en cours. Une semaine durant, les organisateurs essaieront d'aller vers la concrétisation des objectifs qui lui sont assignés. Parmi ces objectifs, il s'agit non seulement de faire découvrir aux visiteurs, nombreux du reste, un vaste panorama d'activités, de les inciter à participer, à apprendre et à s'initier aux métiers de la terre, comme il s'agit aussi de promouvoir le travail de l'argile dans une optique pédagogique et culturelle, de transmettre et de partager les compétences entre participants, de défendre le professionnalisme des potiers et la qualité et la diversité des œuvres exposées. On vise aussi à valoriser les jeunes potiers, car ce sont eux qui vont garantir la pérennité de cet art artisanal et ancestral. Ath Khir sort donc de sa léthargie et vit au rythme de cette fête qui constitue l'événement de l'été dans cette région. Outre l'exposition de produits de poterie réalisés par les mains expertes de ces vieilles qui perpétuent cet art ancestral, le public aura droit à des démonstrations de cuissons etc. Cette fête constituera une nouvelle fois une véritable opportunité offerte aux artisans de se rencontrer et surtout de développer des échanges. C'est pourquoi on estime à juste titre que les artisans ont le double mérite de maintenir en vie la mémoire et le patrimoine, et de persévérer dans une activité professionnelle ingrate sur le plan commercial. L'artisanat qui a connu une véritable traversée du désert ne doit pas aujourd'hui être vu aussi comme un véritable poumon à même de booster le tourisme au niveau local. C'est pourquoi il est préconisé à propos des différentes fêtes, que connaît la wilaya de Tizi ouzou, comme celle du tapis d'Ath Hichem, du bijou d'Ath Yenni etc., la nécessité d'être soutenues et particulièrement encouragées afin de permettre aux artisans de se rencontrer et échanger des expériences et améliorer la qualité du travail. Les artisans font face à deux principales embûches dans l'exercice de leur art. Il s'agit bien entendu de la rareté et de la cherté des matières premières et l'inexistence d'espaces pour commercialiser les produits. Ces deux facteurs font que l'activité artisanale recule, voire même menacée d'extinction. Les artisans ont aujourd'hui besoin d'êtres accompagnés et soutenus par les pouvoirs publics, seul moyen de sauvegarder tout ce pan de note culture et de notre mémoire. Vers l'annulation du festival de Maâtkas ? La grande déception de cette année nous vient de Maâtkas. Selon des sources proches du commissariat chargé de l'organisation du festival annuel de la poterie de Maâtkas, ce grand rendez-vous artisanal et culturel n'aura pas lieu cette année. Il n'y aura probablement pas de 8e édition, et l'annonce officielle de son annulation interviendra dans quelques jours. Organisé traditionnellement durant la dernière décade du mois de juillet, le festival de Maâtkas est annulé car n'ayant pas bénéficié de subvention. Il semblerait, et tout porte à le croire, qu'il subit les conséquences directes de l'austérité budgétaire adoptée par les pouvoirs publics. Pourtant, ce festival, et après 11 éditions de organisées comme fête de la poterie de Maâtkas, a été érigé en 2010 en festival local de la poterie. Au fil des différentes éditions, cette manifestations, qui draine des milliers de visiteurs/acheteurs, s'est imposée comme un rendez-vous incontournable pour les potiers afin d'écouler leurs produits. Son annulation est pour cette année tombée comme un coup de massue sur la tête non seulement des artisans potiers mais aussi des organisateurs. Centres artisanaux : des promesses puis rien Faut-il rappeler que de multiples promesses de réalisation de quatre centres artisanaux à Djemâa Saharidj, Ath Yanni, Ath Hichem et Maâtkas ont été faites à l'endroit des artisans depuis des années ? Jusqu'à aujourd'hui, rien na été fait et c'est tout naturellement l'artisanat qui continue à en pâtir. Ces quatre régions sont connues pour leur attachement aux activités artisanales. Ainsi, on retrouve la fine vannerie à Djemaâ Saharidj (Mekla), la bijouterie à Ath Yenni, le tapis à Ath Hichem et la poterie à Maâtkas. Ces centres devait permettre non seulement de sauver ces différents arts de la disparition qui les guettent mais aussi et surtout de leur redonner une place de choix dans les traditions et culture locales. Il était question aussi que ce réseau d'espaces commerciaux devait être renforcé par la création de deux autres centres similaires au niveau du barrage de Taksebt et de Yakourène. Aujourd'hui, ce ne sont que de vastes souvenirs qui semblent avoir rangés dans des tiroirs poussiéreux.