Blaoui Houari, une des icônes de la chanson oranaise, s'est éteint dans la matinée d'hier mercredi, à l'âge de 91 ans. Le défunt est décédé des suites d'une longue maladie, qui l'a éloigné de la chanson durant une longue période. Ce précurseur de la chanson oranaise moderne est né le 23 janvier 1926 à Oran, à Sidi Bled, dans le quartier de M'dina Jdida. Il est l'un des initiateurs, avec Ahmed Wahby, un autre monument de la chanson oranaise, du style El Asri (le moderne). Ces deux artistes se sont inspirés de la chanson moyen-orientale et de la musique bénouie, pour en faire un genre nouveau, propre à la région oranaise. Issu d'une famille artistique, Blaoui Houari est initié, dès son jeune âge à l'instrument kouintra par son père Mohamed Tazi, ainsi qu'à la mandoline au banjo par son frère Kouider Houari. Connu pour ses célèbres chansons de haute facture, toutes raffinées avec des textes profonds et sains tels Hmama, Jar Aliya El Hem, El-Marsem, le défunt a également rendu hommage dans l'une de ses chansons les plus connues à Ahmed Zabana, premier martyr guillotiné. Les chansons de Blaoui Houari, très appréciées en Algérie, constituent un apport inestimable au patrimoine artistique algérien. «En 1942, lors du débarquement américain à Oran, il est engagé comme pointeur aux docks du port. Il va alors s'initier au piano et à l'accordéon et reprendra en compagnie de Maurice El Médioni des succès américains et français. Durant les années 1940, il anime des mariages, des circoncisions et des fêtes familiales, transcrivant, pour la première fois, la musique bédouine avec des instruments modernes, notamment en reprenant le célèbre poème Biya Dek el-Môr écrit par Cheikh Bensmir. En 1943, il fonde avec l'aide de son frère Maâzouzi et de l'arbitre international Kouider Benzelat son premier orchestre musicothéâtral où l'on retrouve Abdelkader Haoues, Boutlélis, Meftah Hmida et Blaoui Kouider. En 1949, il prend la direction de l'orchestre chargé d'animer, tous les quinze jours durant six mois, la saison de l'opéra d'Oran. Devenu professionnel, il enregistre en 1955 chez Pathé son premier 45 tours où il reprend le fameux Rani M'hayer de Benyekhlef Boutaleb», écrit-on dans la biographie. Après l'indépendance du pays, le chanteur a beaucoup donné pour la chanson algérienne à travers ces travaux avec la station régionale d'Oran de la Radio et Télévision algérienne (RTA) en tant que chef d'orchestre, puis à l'ensemble musical algérien. En 1986, il enregistre son album Dhikrayat Wahran (Souvenirs d'Oran), avec son propre style qu'on lui connaît. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui a présenté ses condoléances dans la matinée d'hier se dit «profondément attristé par la disparition de Blaoui Houari. La scène artistique vient de perdre la légende de l'Oranie, un artiste connu pour sa simplicité et son humilité et reconnu pour ses qualités dans la création artistique », écrit-il. Pour rappel, le défunt chanteur a été décoré par le président de la République, il y a quelques semaines seulement du Prix de l'Ordre du Mérite national du rang «Achir», en compagnie d'autres artistes algériens. Blaoui Houari devait être inhumé au cimetière d'Aïn El Beïda d'Oran, dans l'après-midi d'hier, dans sa ville natale, à Oran.