Huit ans après le début de la crise au MSP, dont la division a abouti à la création d'un autre parti conduit par Abdelmajdid Menasra, les choses reprennent leur cours normal. Depuis hier, ce parti islamiste a enterré définitivement le schisme né en son sein en 2009, avec la tenue du congrès extraordinaire réunificateur à la Safex d'Alger. Le Front du changement (FC) dirigé par Abdelmadjid Menasra, qui remplace désormais Makri, fait désormais partie du passé, après sa dissolution et sa fusion avec «la maison mère» qu'est le MSP. Dans la salle Sawra où se sont déroulés les travaux du congrès, en présence de plus de 2 000 congressistes, selon les organisateurs, une ambiance particulière régnait. Les costumes et les visages bien rasés se mêlaient aux qamis et longues barbes des participants. C'est une ambiance festive, interrompue de temps en temps par des slogans lancés par l'assistance au nom de la Palestine. Mais la rigueur était aussi de mise, notamment à la prononciation des discours politiques des intervenants. L'absence remarquée de l'ancien président du MSP, Bouguerra Soltani, est passée presque inaperçue. Tous les invités appelés à prendre la parole ont salué l'union des frères que les circonstances ont séparés pendant un temps. Les deux acteurs majeurs de la scène ne sont autres que Abdelmadjid Menasra, qui a accepté d'accompagner son parti au cimetière, et Abderrazak Makri, président du MSP, qui a fait beaucoup de concessions dans le cadre du projet de réunification. M. Makri a, en effet, cédé la présidence du parti, qui sera tournante jusqu'à l'organisation d'un congrès le mois de mai 2018, à son homologue. «Cette union est la réponse aux défis qui se posent à nous. C'est la réponse à la question : que faire ? Cette union est notre arme qu'on ne doit pas perdre de nouveau», a lancé Abdelmadjid Menasra, lors de son intervention, sous les applaudissements des congressistes. «Notre union n'est pas faite pour une personne ou un groupe. Elle n'est pas faite, non plus, contre une personne. C'est une loyauté à Dieu», a-t-il poursuivi, en citant des versets coraniques qui appellent à l'union et condamnent la division. L'orateur qui a rendu hommage au président du MSP, artisan du projet de réunification, a appelé à protéger l'union des deux partis après l'avoir réalisée. Ennahda et El Bina dans le viseur Le congrès réunificateur d'hier est le fruit de plusieurs années de tractations et négociations, accélérées cette dernière année. Le point culminant du processus de retour au bercail était l'élaboration de listes communes pour les élections législatives du 4 mai dernier et la dissolution du FC. Mais une fois l'objectif atteint, le projet grandit. C'est toute la famille des islamistes qui est visée désormais par le MSP. Le président du parti, Abderrazak Makri a, dans son allocution, appelé les Mouvements En Binai et Ennahda ainsi que le parti El Adala de Djaballah à l'union, affirmant la poursuite de la construction du projet avec ces trois partis. M. Makri n'a pas manqué de saluer tous ceux qui ont contribué à la réussite du projet avant d'aborder les questions politiques. Il a indiqué que son parti est totalement indépendant des centres d'influence, soulignant qu'aucune partie, en dehors des instances du parti ne peut dicter au MSP ses décisions. Il en veut pour preuve la dernière invitation à intégrer le gouvernement que le conseil consultatif avait déclinée. Dénonçant la corruption et la mauvaise gestion qui gangrène le pays, l'orateur a soutenu que la crise économique actuelle va provoquer une crise sociale «dont les prémices sont déjà là».