Les partis islamistes algériens sont en voie de réaliser leur alliance sacrée. Après la fusion entre le Front pour la justice et le développement (FJD) d'Abdallah Djaballah, le Mouvement Ennahda et le Mouvement de la construction nationale (El Binai), c'est au tour du MSP et du Front du changement (FC) de se fondre en un seul parti. L'annonce officielle de cette fusion a été annoncée, hier, lors d'une conférence de presse animée à l'hôtel Soltane à Hussein Dey (Alger) par les présidents des deux partis, respectivement Abderrezak Makri et Abdelmadjid Menasra. Première conséquence de cette fusion : le FC sera dissous, a annoncé M. Menasra. Selon les deux conférenciers, la fusion se fera en trois étapes. La première sera électorale et consistera en la constitution de listes électorales communes pour les prochaines élections législatives. La deuxième sera une phase consensuelle qui s'étalera sur 12 mois. Elle sera marquée par la présidence tournante du MSP entre Makri et Menasra. «C'est une phase d'intégration», l'a qualifiée le président du MSP. Quant à la troisième étape, il s'agit de l'organisation d'un congrès d'union d'où seront issues les nouvelles instances du parti. Ainsi, le MSP met fin à une longue division de ses rangs, née il y a quelque cinq ans, lorsqu'Abdelmadjid Menasra, en désaccord avec l'ancien président du parti, Bouguerra Soltani, avait claqué la porte pour lancer sa propre formation. Il s'agit donc d'un retour au bercail. «On est revenu à la situation initiale. Les circonstances nous ont divisés et on a fait des concessions pour se retrouver», a souligné Abderrezak Makri. L'ancien président du MSP, M. Soltani, présent dans la salle, a qualifiée cette fusion de «bonne chose qui augure du bien pour la mouvance islamiste». Selon Abdelmadjid Menasra, le projet d'union entre les deux partis n'est pas dicté par les contraintes de la nouvelle loi électorale ni encore moins une réaction par rapport à d'autres alliances entre islamistes, allusion à la fusion entre le FJD, Ennahda et El Binai. Ces trois derniers partis ont sollicité une rencontre avec le MSP dans l'objectif d'élargir l'alliance dans la perspective des législatives. Abderrezak Makri a affirmé avoir reçu la demande, précisant qu'il attend de fixer un rendez-vous pour la rencontre. Toutefois, l'orateur a écarté l'éventualité de fusionner avec eux, en soulignant que la coopération pourra se faire lors des élections. Après la fusion avec le FC, le MSP va-t-il intégrer le gouvernement et changera-t-il sa ligne de conduite politique ? M. Makri répond que tout dépendra des résultats des prochaines élections législatives. Si son parti gagnera, il n'est pas exclu qu'il intègre l'Exécutif mais la décision appartient aux instances du parti. «Sil peut y avoir changement de notre position, ça sera après les élections législatives. C'est précoce d'en parler pour le moment», a-t-il dit. En tout cas, les initiatives de fusion entre les partis islamistes soulèvent beaucoup d'interrogations. La dissolution du DRS et le départ à la retraite du général Toufik ont-ils un lien avec ces fusions ? Les dispositions de la nouvelle loi électorale sont-ils pour quelque chose ? «Plusieurs facteurs favorisent ces alliances. La dissolution du DRS qui avait un bras dans tous les partis politiques et les 4% des suffrages imposés par la loi électorale en sont les deux principaux», affirme un cadre du MSP. Ce qui est sûr c'est que les partis de la mouvance islamiste sont en train de réussir là où les partis dit démocratiques et ceux nationalistes ont échoué. Peut-on imaginer, en effet, une initiative du RCD ou du FFS qui viseraient à se réconcilier avec les dizaines de cadres qu'ils ont exclus ?