Quarante-quatre lots de terrains non exploités, au niveau de la zone d'activité de Tala Athmane, à 10 km à l'est de Tizi-Ouzou, et qui ont été squattés par leurs bénéficiaires depuis les années 1990, ont été récupérés par voie de justice et, par la suite, mis à la disposition des investisseurs. C'est, du moins, ce qu'a annoncé, le wali, Mohamed Bouderbali, lors d'une visite d'inspection consacrée pour la mise en service d'une laiterie d'un investisseur privé Le Semeur. A ce sujet, le directeur de l'industrie et des mines, Abdelbaki, a fait savoir que ces lots de terrain ont été récupérés suite à une opération d'assainissement lancée à travers l'ensemble des zones d'activités de la wilaya et qui se poursuit à ce jour. A cela, s'ajoute une superficie de 3,9 hectares qui a été restituée. «Des mises en demeure ont été adressées à ces personnes qui ont bénéficié de ces lots de terrains durant les années 1990 et qui ne l'ont pas exploités. La procédure se fait selon les cahiers des charges et le gestionnaire devra attribuer le terrain aux investisseurs qui donnent des garanties de capacités d'investissement», précise le wali. Quant aux actes de concession établis depuis le début de l'année en cours au profit des investisseurs de la wilaya, Belbaki les a estimés à 106 actes contre 44 actes durant la même période de 2016. «Ces actes permettront aux investisseurs d'avoir leur permis de construction pour la phase d'exploitation et, par la suite, lancer leurs projets», a-t-il expliqué. Par ailleurs, le premier magistrat de la wilaya a exprimé sa déception quant aux conditions d'hygiène dans lesquelles se trouve cette zone de Tala Athmane qu'il a qualifiées de déplorables. «Je regrette que les investisseurs travaillent dans ces conditions d'hygiène déplorables. J'appelle l'ensemble des opérateurs exerçant dans cette zone et les gestionnaires de coordonner leur travail pour améliorer cette situation. La zone doit se doter d'un minimum de conditions pour inciter les opérateurs à investir. C'est indigne de trouver une telle insalubrité», a-t-il regretté. A ce sujet, il a pointé du doigt les gestionnaires de la Société de gestion immobilière (SOGI) d'être responsables d'un laisser-aller et qui ont failli à leur mission d'assurer une meilleure gestion de cette zone. «C'est inadmissible de trouver la zone d'activités dans un état aussi lamentable. Nous ne pouvons pas accepter qu'une laiterie d'où sortent des produits sensibles à la consommation soit réalisée dans un environnement d'insalubrité comme celui-ci». Pour cela, il s'est montré intransigeant pour améliorer cette situation dans le plus bref délai. De son côté, le directeur de la SOGI, Tabet Mohamed Arezki, a justifié cette insalubrité au fait qu'elle est due essentiellement à l'exploitation illicite des routes de cette zone par les commerçants à la sauvette qui squattent ces lieux lors du marché hebdomadaire. «J'ai remis les dossiers de certains investisseurs qui ont failli aux règles d'hygiène au niveau de l'administration et qui sont actuellement au niveau de la justice pour définir les sanctions». Lors de son intervention, le P/APW, Dr. Mohamed Msela, a appelé tous les responsables à see serrer les coudes pour voir cette zone émerger et contribuer grandement au développement de l'économie locale pour réduire ainsi les factures des importations qui gangrènent notre économie. Il a saisi cette occasion pour réitérer son appel pour le dégel des zones industrielles qui peinent à voir le jour, en l'occurrence celle de Draâ-El-Mizan, dee Souamaâ, qui constituent un remède pour le développement de l'économie locale et mettre fin au marasme du chômage. A préciser que la laiterie Le Semeur, inaugurée par le wali, est d'une capacité de 120 000 litres de lait par jour et qui a été réalisée sur une superficie de 4 500 m3 dont 50% non encore exploitée. «J'encourage ce genre d'initiative d'investissement dans le secteur de l'agroalimentaire, créateur de richesses et d'emplois. Certes, la culture de l'investissement n'est pas ancrée dans l'esprit de l'Algérien, notamment au niveau de notre administration, mais il y a des progrès et les choses commencent à changer. Mais ça reste insuffisant», a précisé le Wali. Quel investissement ? Le mot investissement est peut-être le vocable auquel font appel le plus les responsables au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou sans pour autant qu'il prenne ou trouve sa signification réelle. A chaque occasion, le mot investissement est déterré avant d'être enterré une nouvelle et, du coup, faire perdurer cet engrenage qui le tenaille tant les embûches sont parfois insurmontables. Annoncer la création de nouvelles zones d'activités, les vouer ensuite aux gémonies, ne signifie nullement l'existence d'une vraie politique de développement et d'investissement. A Draâ El Mizan, on annonce la création d'uen nouvelle zone d'activités qui s'ajoutera à celle déjà existante d'une superficie cessible de plus de 57 ha, répartie en 35 lots, dont 15 affectés à des investisseurs et 14 non attribués, les six lots restants étant réservés à l'équipement de la zone (4 lots) ou classés non cessibles (2 lots). Cette zone d'activité s'ajoutera aux trois nouvelles autres qui seront implantées prochainement au niveau de la wilaya, comme l'avait annoncé dernièrement le directeur local de l'industrie et des mines. Ces trois nouvelles zones d'activités concernent Fréha, d'une superficie de 57 ha, Timizart, de 36 ha, et Tizi Gheniff d'une surface de 27 ha. Les quatre nouvelles zones d'activités, qui s'ajoutent aux 16 déjà existantes au niveau de la wilaya, seront-elles d'un apport pour l'investissement local lorsqu'on sait que les zones d'activités éparpillées aux quatre coins de la wilaya souffrent de plusieurs lacunes liées, notamment, au sempiternel problème du permis à lotir et, surtout, de la prolifération de faux investisseurs, qui squattent plusieurs hectares de ces zones depuis plusieurs années sans pour autant lancer le moindre projet ? Pour quelle politique d'investissement opter au niveau d'une wilaya où, au-delà des chiffres euphoriques ressassés à chaque occasion, contrastent avec une autre réalité ? La mise en valeur des opportunités d'investissement que présente la wilaya à travers son potentiel, dans divers secteurs d'activités, la promotion de l'information sur les opportunités d'investissement et des moyens à mettre en œuvre, pour mieux rapprocher les institutions de l'Etat des opérateurs économiques porteurs de projets qu'ils soient nationaux ou étrangers, n'ont pas été, pour ainsi dire, suivis d'effet. Si l'on a toujours miroité d'offrir une tribune de proximité pour les investisseurs, et mettre ainsi en valeur les potentialités et les atouts que recèle la wilaya dans son segment économique, afin qu'il soit une véritable locomotive, orientée principalement vers la promotion, la facilitation, l'assistance et l'accompagnement des investisseurs, on continue cependant à faire du surplace. Du coup, le climat des affaires, la régulation et le redressement de l'activité industrielle, la promotion de l'activité agricole et de services, le redéploiement des secteurs productifs, continuent d'être le parent pauvre de toute la région. Veiller au respect de la batterie de textes réglementaires et de mesures incitatives à l'investissement, notamment par la mise en œuvre des mesures d'encouragement fiscal et d'allégement de procédures administratives, la facilitation d'accès aux crédits bancaires, l'accès aux biens immobiliers, l'exonération et franchises des taxes foncières sur les propriétés immobilières affectées à la production, demeurent les seuls mécanismes à même d'insuffler un nouveau sang au développement local. Tant qu'on continue à les contourner, l'investissement restera un vain mot.