Avec l'avènement de la saison estivale, la wilaya de Tizi Ouzou renoue avec les fêtes et les festivals locaux, qui célèbrent les produits de l'artisanat et ceux du terroir qui caractérisent différentes localités de cette wilaya. En effet, ces manifestations à la fois culturelles et économiques, qui ont pour principal objectif la sauvegarde du patrimoine ancestral de la Kabylie, mais également la promotion et commercialisation des produits locaux, tendent également à faire sortir les produits locaux de l'anonymat et à encourager la jeune génération à perpétuer ces métiers qui sont, hélas, en voie de disparition. En plus des expositions-ventes, les organisateurs de ces fêtes s'attèlent, souvent avec des moyens dérisoires, à accompagner ces manifestations culturelles par des communications et tables rondes, qui traitent de la promotion de ces produits mais aussi des problèmes auxquels font face les artisans. C'est ainsi que la ville de Ouadhias, localité située à une quarantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, se pare de ses plus beaux atours et ses couleurs chatoyantes à l'occasion de la 3e édition de la fête de la robe kabyle, qui se déroule ces jours-ci et qui se poursuivra jusqu'au 31 juillet. En effet, la célèbre et somptueuse robe kabyle, notamment celle de Ouadhias, constitue l'un des symboles de l'identité amazighe. C'est ce que veulent mettre en valeur les organisateurs de cette troisième édition du festival de la robe kabyle «Thijihlit Iwadhiyen». Cette manifestation, qu'abrite l'école des frères Tifrani, connaît la participation d'une quarantaine de couturières qui exposent une vingtaine de différents modèles de la robe kabyle de Ouadhias. Des expositions-ventes de robes kabyles présentent les œuvres de ces couturières aux mains habiles, entre autres robes kabyles, bijoux, la poterie, vannerie, tapis et autres…, ainsi que des conférences, différents ateliers et concours. Les prix affichés varient entre 500 dinars pour les robes maison ou d'intérieur jusqu'à 30 000 dinars pour les modèles portées lors des occasions comme les fêtes de mariages etc. Cette fête se veut aussi une occasion de promouvoir la robe de Ouadhias dont l'aura dépasse les frontières de la wilaya de Tizi Ouzou, et le travail de la femme rurale gardienne des traditions. Cette dernière se distingue parmi toutes les autres avec ses traits qui sortent du lot, ses motifs et les matières utilisées. Il est utile de rappeler que la robe kabyle de Ouadhias, qui se distingue des autres localités de la wilaya, à l'exemple de la robe d'Iâzzugen (Azazga), d'Ath Aïssi, d'Ath Ouacifs, Iloula, la robe d'Iflissen..., est devenue l'emblème même de l'habit traditionnel féminin kabyle au niveau national et même international. Incontournable dans la dot de la mariée algérienne, en général, et kabyle, en particulier, cet habit de par son modèle traditionnel unique orné de dentelles particulières en soie et de multiples couleurs avec son corset rond, a su garder sa place d'honneur malgré les années et les multiples innovations dans le domaine de la mode. Car, il faut dire que la confection de la robe kabyle, qui se faisait autrefois par des amatrices en couture, a totalement changé ces dernières années avec la nouvelle génération de créatrices de mode, qui ont su créer de nouveaux modèles dignes de la haute couture. De fait, la robe kabyle connaît aujourd'hui une autre variété qu'on appelle «la robe kabyle moderne» avec de nouvelles découpes, de la broderie manuelle, industrielle... Tout est à l'honneur des modélistes et des couturières aux doigts habiles. Faire du bijou d'Ath Yenni le patrimoine de l'Unesco Le bijou d'argent est au coeur de l'événemnt à Ath Yenni où une fête lui est dédiée et dont le lancement a été fait jeudi dernier, en présence des autorités locales et de wilaya, à leur tête le wali Mohamed Bouderbali. A l'occasion, il a affirmé que cet art artisanal soit «inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et de mettre en valeur le bijou d'Ath Yenni dans la caravane du centenaire de la naissance de Mammeri, afin de le faire connaître à l'échelle nationale». Il indiquera aussi que la wilaya de Tizi Ouzou compte 500 artisans bijoutiers détenteurs de la carte d'artisan dont 140 issus de la commune de Béni Yenni. Les artisans pour leur part, comme O. M. n'ont pas manqué de dénoncer la rareté de la matière première comme l'argent et le corail. «Tout ce qui été miroité par les responsables n'est que chimère», ajoutera O. M., qui dira que les matières premières ne sont disponible que sur la marché noir et à des prix exorbitants. La rareté du corail a fait que le kilogramme de cette matière dépasse les 400 000 cts, ce qui génère aussi la spéculation sur le marché noir qui pullule d'intermédiaires. Ces derniers dictent tout simplement leur loi sur le marché. Les spéculateurs ont la mainmise sur le marché en important du corail du pays voisin, la Tunisie, et de l'Italie pour combler le déficit existant sur le marché national. Le prix du corail importé de Tunisie tourne autour de 150 000 Da alors que celui importé d'Italie est vendu moins cher. Aujourd'hui, les bijoux sont confectionnés avec de la résine au lieu du corail. Ceci donne lieu à une véritable anarchie sur le marché de l'artisanat. Signalons que cette nouvelle édition de la fête du bijou a pour thème «Le bijou d'Ath Yenni : un patrimoine national d'une dimension mondiale», qui a connu des frictions avant son lancement, notamment par l'opposition des artisans à sa tenue qu'il avaient qualifiée de «mascarade», avant que les choses ne soient aplanies, connaît la participation d'une vingtaine de wilayas. D'autres fêtes sont à venir Si la déception vient du côté de Mâatkas où le festival de la poterie n'a pas eu lieu, en raison du manque de financement, d'autres fêtes suivront ces évènements qui drainent chaque année des milliers de visiteurs et de participants des quatre coins du pays, à l'exemple du festival du tapis d'Ath Hichem, de la figue fraîche à Lemsella et la fête de la robe kabyle d'Ihemaziyène dans la commune d'Illoula Oumalou, la figue de Barbarie et celle de la forge à Bouzguène et bien d'autres encore. La localité de Bouzguène à elle seule va vivre au rythme de quatre fêtes qui célèbre l'artisanat, les produits du terroir, etc. Ainsi, du 6 au 8 août, c'est le village Ihitoussène qui accueillera la fête de la forge. C'est l'association Sebaâ Zbari (Les sept enclumes) qui organise cette fête. De nombreux forgerons subsistent encore dans cette région d'Ihitoussène, dont le nom en kabyle signifie les forgerons. Ces derniers tentent de réhabiliter le métier de la forge et de mettre en place des mécanismes permettant à ce métier de continuer à exister. Cet art artisanal, qui tend à disparaître, est considéré comme un métier noble. Aujourd'hui, avec l'avènement du métier de la ferronnerie et de la forge industrielle, il est en déclin. Les 11, 12 et 13 août, c'est le village Sahel, toujours dans la commune de Bouzeguène, qui abritera la fête de la figue de Barbarie. Cette sixième édition de la fête de la figue de Barbarie est l'occasion de sensibiliser la population locale à renouer avec la culture ancestrale de ce produit du terroir. En effet, ce fruit est à la fois redouté pour ses épines, alors qu'il est apprécié pour son goût et ses vertus diverses. Excessivement riche en vitamines et en matières calorifiques, la figue de Barbarie possède également des propriétés médicinales qui permettent, selon une étude scientifique, de venir à bout de nombreuses maladies telles que l'obésité, le cholestérol, le diabète, l'artériosclérose, les troubles gastriques et l'ulcère, les troubles de l'appareil urinaire, le cancer de la prostate et du côlon, l'angoisse, la peur, l'inquiétude chronique etc. Toujours à Bouzeguène, c'est le miel et les produits de la ruche qui seront fêtés le 16 août, tandis que les 24, 25 et 26 août, ce sera autour du burnous d'avoir sa fête. Non loin de là, le village Lemsella dans la commune d'Illoula fêtera la figue fraîche.