Plus que jamais, la rentrée sociale s'annonce chaude et perturbée. Le gouvernement aura du mal à contenir la colère des travailleurs, tous secteurs confondus, «déçus» par les décisions du Conseil des ministres ayant validé le projet fixant la retraite à 60 ans. Les syndicats regroupés au sein d'une coordination contre la révision du système de retraite se disent plus que jamais déterminés à aller de l'avant dans leur bras de fer avec le gouvernement. L'adoption d'un avant-projet de loi fixant la retraite à 60 ans ne les a pas éloignés de leur objectif. Bien au contraire, ils se préparent à «tout bloquer», en prévision de la rentrée, pour reprendre les propos d'Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Joint par nos soins, il met en garde les autorités contre leur entêtement à faire passer cette révision qui met fin à la retraite proportionnelle et sans condition d'âge. «Le gouvernement est appelé à assumer sa responsabilité, puisque l'on a commencé à toucher aux acquis des travailleurs. On va donc bloquer tout», dit-il. Pour le représentant du CLA, qui exprime «la déception» des travailleurs, avec cette décision prise lors du Conseil des ministres, «l'on va droit vers un bras de fer», puisque, ajoute-t-il, «les syndicats sont décidés et sont prêts à résister». Un message qui se veut tel un avertissement sur les conséquences d'une action de protestation concertée entre les syndicats autonomes de différents secteurs sensibles, comme l'éducation, la santé, l'administration, l'enseignement supérieur, les postes, les affaires religieuses, etc. Dans le même sens aborde Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp). «Déçus déjà d'avoir été exclus de la tripartite, on l'est encore plus aujourd'hui après ce Conseil des ministres. On est déçu du mépris affiché à notre égard. On est déçu du discours du gouvernement qui dit une chose et fait son contraire sur le terrain», nous a déclaré Dr Merabet. Espoir Notre interlocuteur dit, pourtant, «n'avoir pas été surpris par l'issue» de cette réunion qui a entériné tout ce qui a été décidé lors de la tripartite, bien que les syndicats avaient sollicité l'intervention du chef de l'Etat. Au pire des cas, fera savoir le président du SNPSP, «nous nous attendions à un geste dans le sens de ralentir la décision concernant le dossier de la retraite, le temps d'écouter notre avis et nos propositions». Mais, «malheureusement, ça n'a pas été le cas», regrette-t-il encore. Le syndicaliste dénonce le fait que «même en ces temps de crise, le gouvernement continue de tourner le dos à des millions de travailleurs représentés». Toutefois, il n'est pas question de lâcher, prévient-il, puisque cette décision «ne fera que consolider le choix de la protestation décidée», en prévision de la rentrée de septembre. Le gouvernement doit-il revoir sa copie avant cette échéance ? Il est, en effet, dans son intérêt s'il veut s'assurer une paix sociale et une rentrée non perturbée. La représentativité des syndicats engagés dans cette coordination n'est pas à démontrer. Surtout lorsque l'on sait que ces derniers ont pour noms le Cnapeste, l'Unpef, le CLA, le Snapest, le Satef, le SNPSP, le SNPSSP, le SAP, le Snap, le Snateg, le Snapap et le Cnes, entre autres. Pour Lounès Ghachi, président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), «le gouvernement continue d'observer le flou sur les métiers pénibles exclus de cette révision». Tout en dénonçant «la non-association des syndicats au débat et à l'élaboration du projet», Ghachi se demande «qui est habilité à classer un métier comme étant pénible ?» D'où, tranche-t-il, «le maintien du plan d'action arrêté par la coordination pour la rentrée».