Cette instance agit comme si elle avait droit de vie ou de mort sur tout ce qui touche au football africain. Depuis la tenue d'un symposium de la Confédération africaine de football les 18 et 19 juillet dernier au Maroc, nous nous trouvons au cœur d'un grand scandale sportif. Cette réunion qui voulait apporter un plus au développement du football continental n'a, en réalité, enfanté qu'un monstre sous la forme d'une nouvelle politique qui touche à l'organisation de la plus prestigieuse compétition qu'organise cette instance. En décidant de porter le nombre d'équipes qualifiées à la phase finale de la CAN de 16 à 24 et ce dès la prochaine édition, celle de 2019, la CAF a donné un coup de poignard dans le dos du Cameroun, le pays appelé à abriter cet évènement. Depuis que l'instance du football africain était tombée sous la coupe de son nouveau président, Ahmad Ahmad, on pensait qu'elle allait se réformer. On s'est aperçu qu'elle n'a pas du tout changé. Elle agit en fonction des intérêts de certains mais surement pas pour celui du football continental. Il faut bien se dire que nous sommes dans une situation de fait du prince dont le Cameroun est la grande victime. On lui octroie une compétition à 16 équipes et à quelques mois du début de cette fameuse phase finale on lui dit qu'il doit prévoir d'en accueillir 8 de plus. C'est une atteinte flagrante au respect de la parole donnée. Le Cameroun a dit oui selon un cahier des charges bien élaboré. Aujourd'hui, on lui demande de prévoir un tournoi avec plus d'équipes alors que la phase de qualification à l'évènement a déjà débuté. C'est du n'importe quoi de la part d'une CAF qui veut jouer aux grands alors qu'elle n'est qu'une toute petite instance. Le clou a été enfoncé ces derniers jours par le président de celle-ci s'attaquant au Cameroun coupable, selon lui, d'accuser du retard dans la préparation de la CAN 2019. «Ils ne sont même pas prêts pour organiser un tournoi à quatre équipes», a dit Ahmad Ahmad. Une offense à un pays historique, qui a tant apporté au football de notre continent avec les multiples trophées qu'il a remportés. Qui ne connaît pas de problèmes ? Il est vrai que le Cameroun était confronté à des problèmes dans la préparation à l'évènement de 2019. Mais quel est le pays, surtout en Afrique, qui ne subit pas les mêmes désagréments quand il est appelé à abriter une compétition de cette importance ? Le football ne doit pas être l'otage d'une opération de revanche. Il nous semble, en effet, que ce qui se passe avec le Cameroun s'apparente à une punition du fait qu'il s'agit du pays du prédécesseur d'Ahmad Ahmad, Issa Hayatou. Il n'entre pas dans notre intention de nous porter comme avocat de ce dernier qui a certainement commis d'importantes erreurs lorsqu'il était aux affaires du football africain, cela ne saurait permettre à quiconque de s'attaquer à son pays. Comment la CAF ose-t-elle justifier l'injustifiable ? Comment ose-t-elle commettre une telle injustice à l'encontre d'une nation et de tout un peuple ? On ne change pas les règles du jeu en pleine compétition. Si la CAF est si attachée à son tournoi à 24 équipes qu'elle le programme à partir de l'édition suivante celle de 2021. Et il n'est pas sur que celui qui doit abriter l'évènement cette année là, à savoir la Côte d'Ivoire, soit d'accord pour le faire avec 24 équipes puisqu'il l'a accepté dans sa formule à 16 équipes. Idem pour la Guinée, programmée pour l'édition de 2023, qui risque bien de refuser de l'accueillir. Une chose est sure, si le Cameroun porte cette histoire devant le Tribunal internationale des sports de Lausanne, il aura gain de cause parce que la CAF a agi avec énormément de légèreté. Son président Ahmad Ahmad qui pense révolutionner le système s'y prend de la plus mauvaise des façons au point de s'en mordre les doigts. Hayatou tacle Ahmad Depuis sa défaite aux élections à la Présidence de la CAF (Confédération africaine de football) en mars dernier, on ne l'avait que très peu écouté. Issa Hayatou est sorti de son mutisme mardi à la sortie d'une audience avec le ministre en charge des Sports du Cameroun. Au menu des discussions, l'organisation de la CAN 2019 au Cameroun. Une attribution faite au pays des Lions indomptables alors qu'Hayatou était encore en poste en 2014. L'ancien patron de la CAF répond à son successeur Ahmad qui a encore mis la pression ce week-end. «On ne peut pas dire que la CAF va retirer la CAN parce quand on a eu à retirer des Coupes aux gens c'est eux qui n'ont rien fait. Par exemple pour Madagascar, c'était au mois de janvier pour une compétition (ndlr: moins de 17 ans) qui devait se dérouler au mois de mai donc 4 mois avant le tournoi. Ici, il n'y a même pas eu d'inspection et on dit qu'on veut retirer», s'est étonné l'actuel Président du Conseil d'Administration de l'ANAFOOT (Académie nationale du football). «Le Cameroun a 5 stades et c'est bon pour une CAN déjà» ! «Je suis particulièrement surpris car connaissant les rouages de la CAF. Il (Ahmad) est obligé de rester près de la logique et de la loi. D'après les entreprises qui sont chargées de construire, elles nous ont dit qu'elles seront prêtes au plus tard au mois de septembre 2018. Même si la CAN devait se jouer en janvier, on serait prêt. Et aujourd'hui, la CAF a renvoyé l'organisation dans 6 mois. A l'heure où nous parlons, on a deux ans devant nous. On ne peut juger l'organisation de la CAN au Cameroun, l'insuffisance de la préparation deux ans avant l'événement. Je répète que la compétition a été retirée à Madagascar à 4 mois», a confirmé Hayatou. Pour finir, l'ancien président intérimaire de la FIFA ne manque pas de tacler Ahmad : «Depuis que je suis parti de la CAF, je me suis gardé d'émettre un avis en direction de la Confédération africaine de football. Je n'ai jamais ouvert ma bouche pour parler de ça. N'importe qui de bon sens ne peut que regretter ce qui a été dit. Il faut d'abord venir constater avant de dire ce qu'il a dit. A l'heure actuelle, le Cameroun a 5 stades et on ne parle pas de ceux qu'on est en train de construire. On pouvait organiser la CAN avec ces 5 stades. Ils sont là physiques dont 3 ultra neufs et 2 à rénover. Personne ne peut dire que le Cameroun n'a rien. On peut compter combien de pays en Afrique qui ont ce que nous avons là. Nous sommes en avance».