Après un été mouvementé, avec les scandales retentissants de l'ex-gouvernement Tebboune, la rentrée politique s'annonce rude. Elle est serrée et tendue, sur fond de résurgence du débat-polémique sur l'application de l'article 102 de la constitution, qui traite de la vacance du pouvoir. La rentrée de cette année est entamée, avant-hier, par l'ouverture de la session du Parlement où a atterri, pour la première fois, la question de l'article 102. Les présidents de l'APN, du Sénat et le patron du parti majoritaire ont réservé une riposte musclée aux partisans de la destitution du chef de l'Etat. Avant donc le retour des partis, qui, pour la majorité, ont supprimé les traditionnelles universités d'été, sur la scène politique, ce sont les institutions qui effectuent une rentrée particulière. Après le Parlement, c'est le Conseil des ministres qui se réunira aujourd'hui, sous la présidence de Bouteflika, afin d'adopter le plan d'action du gouvernement. Une formalité qui précède la présentation dudit document devant les députés dans une dizaine de jours, selon le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Malgré lui, le Parlement se trouve contraint d'approuver deux plans d'action de gouvernement en l'espace seulement de trois mois. Ce plan d'action promet des débats houleux, surtout avec l'exaspération des partis de l'opposition à qui ne reste que la tribune de l'APN pour crier leur colère. Ainsi, la rentrée politique intervient dans un contexte explosif caractérisé par les appels à l'armée d'intervenir et à l'application de l'article 102 de la constitution. Ceux qui ont appelé l'armée à intervenir, à leur tête l'ancien ministre du Commerce et candidat à l'élection présidentielle de 1995, Nouredine Boukrouh, ont eu une réponse sèche de la part du Général de Corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah, Vice-ministre de la Défense nationale, Chef d'Etat-Major de l'Armée nationale populaire. «En consolidation des fondements de ses objectifs majeurs et nobles, l'Armée nationale populaire demeurera, comme j'ai tant veillé à le répéter, une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale du pays, protégeant l'indépendance», a-t-il déclaré le 23 août, lors d'une visite de travail et d'inspection dans la cinquième région militaire, à Constantine. Il a ajouté que l'armée «assure amplement ses missions constitutionnelles, en dépit de la nature de toutes les circonstances». Et ceux qui ont demandé le déclenchement des dispositions de l'article 102 ont été sévèrement condamnés par les présidents des deux chambres du Parlement dont l'institution est partie prenante dans l'application de l'article. «Dépassement de l'éthique politique», «tentative de semer le doute sur les institutions de l'Etat», «faire reculer le pays»…ce n'est pas les accusations qui manquent. «Les voix qui portent de faux jugements et qui dépassent l'éthique politique, et tentent par désespoir de cause de semer le doute sur les institutions de l'Etat et sa crédibilité ignorent sciemment et pour des raisons obscures la logique constitutionnelle; car leur objectif apparent n'est rien d'autre que d'affaiblir les institutions constitutionnelles de l'Etat et de faire reculer le pays avec tous les risques que comporte cette aventure», a lancé le président de l'APN. Il rappelle que «les élections sont la voie unique de la légitimité» et que «le président de la République a été plébiscité par le peuple algérien à l'issue d'un suffrage transparent et démocratique». «La légitimité au sommet de l'Etat a été tranchée lors des élections présidentielles de 2014», a estimé, pour sa part, le président du Sénat, affirmant que le président Bouteflika «va bien et exerce ses attributions constitutionnelles le plus normalement du monde». D'autre part, la rentrée politique intervient à la veille des élections locales du 23 novembre prochain. Ce qui oblige les partis à se mobiliser en prévision des ces échéances.