Les débats sur l'article 102 de la Constitution, qui traite de la vacance du pouvoir, s'accélèrent à moins de 18 mois des élections présidentielles de 2019. Alors que certains acteurs politiques appellent à son application urgente, d'autres s'interrogent sur l'utilité de l'actionner à seulement 18 mois d'une élection présidentielle régulière; celà au moment où d'autres s'y opposent carrément. Et le dernier à se joindre à ce débat n'est autre que le Premier ministre et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui va présenter, dans quelques jours, le plan d'action du gouvernement devant les députés, au nom du président. « Premièrement, les membres du groupe de l'article 102, n'ont rien à faire. Deuxièmement, ils font partie d'un réseau qui était au courant des problèmes financiers du pays », a accusé, avant-hier, le patron du RND et de l'Exécutif. M. Ouyahia a estimé que la réponse la plus forte adressée à ceux qui demandent l'application de l'article a été donnée par le président lui-même mercredi dernier en présidant une réunion du Conseil des ministres. «Je rassure les Algériens sur la santé de leur président. Il va bien, il fait son travail le plus normalement du monde et il suit les dossiers», a-t-il lancé, au moment où les partisans de l'application de l'article, à l'image du président du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, campent sur leurs demandes. L'implication du Premier ministre dans ce débat, après les interventions de l'Armée et des présidents des deux chambres du Parlement, laissent penser à l'existence d'une riposte réfléchie et organisée du pouvoir. Et ceux qui appellent à la mise en branle de l'article 102 semblent avoir été isolés et « neutralisés », du fait de leur manque d'ancrage dans la société. En effet, les partis de l'opposition les plus en vue, comme le RCD, le FFS et le MSP, ne considèrent pas qu'une telle démarche soit prioritaire. Les pourfendeurs des partisans de l'application de l'article ont même trouvé un allié conjoncturel de taille, un parti de l'opposition, le premier pourtant à avoir appelé à l'application de l'article en 2013 déjà, pour leur prêter assistance, ne serait-ce que par sa position défavorable à l'enclenchement de la disposition. Il s'agit du RCD qui estime que « circonscrire une sortie de crise à la demande de la mise en œuvre de l'empêchement par voie légale de Bouteflika (article 102) équivaut à parrainer une alternance clanique, à fortiori dans le moment présent ». « Notre conviction est que l'heure est à l'action de mobilisation solidaire et non à des positionnements dans des luttes claniques conjoncturels », soutient ce parti qui se démarque complètement de la revendication. Ainsi, ceux qui militent pour l'article 102 n'arrivent à trouver aucun appuie, ni au sein de la classe politique, ni au sein de la société. Cela même si le débat avait atterrit y compris au parlement, partie prenante dans le déclenchement et l'application de l'article. Les présidents de l'APN et du Sénat, respectivement Saïd Bouhedja et Abdelkader Bensalah ont affiché, le 4 septembre à l'ouverture de la session annuelle du Parlement, leur opposition à cette demande. « Les voix qui portent de faux jugements et qui dépassent l'éthique politique et tentent par désespoir de cause de semer le doute sur les institutions de l'Etat et sa crédibilité ignorent sciemment et pour des raisons obscures la logique constitutionnelle car leur objectif apparent n'est rien d'autre que d'affaiblir les institutions constitutionnelles de l'Etat et de faire reculer le pays avec tous les risques que comporte cette aventure», a accusé le président de l'APN. M. Bouhedja a souligné que « les élections sont la voie unique de la légitimité », alors qu'Abdelkader Bensalah a affirmé que « la légitimité au sommet de l'Etat a été tranchée lors des élections présidentielles de 2014 ».