Le Kremlin a grandement participé à la concrétisation de la réconciliation engageant le Hamas et l'Autorité palestinienne. Le Hamas, qui gère Ghaza, a envoyé à Moscou une délégation pour évoquer le progrès dans la réconciliation palestinienne. La tragédie enregistrée à Ghaza où les conditions sociales sont presque inexistantes pour une population livrée au chaos, n'a pas laissé indifférente la Russie qui a grandement participé à la réconciliation engageant le Hamas qui gère le territoire et l'Autorité palestinienne. Les islamistes au pouvoir dans cette région ont fait plusieurs concessions au profit du Fatah, le mouvement politique du président palestinien Mahmoud Abbas, en annonçant la dissolution du «comité administratif et l'attribution de ses fonctions au comité d'unité nationale, écrit hier le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Les experts perçoivent un résultat du travail non seulement de l'Egypte, mais également de la Russie. La délégation du Hamas, dirigée par le vice-président de son bureau politique Moussa Abou Marzouk, a été reçue par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. «La délégation du Hamas a exprimé son approche fondamentale: surmonter au plus vite la division intrapalestinienne», stipule le texte du ministère russe des Affaires étrangères. Plus tôt, la direction du Hamas s'était dite prête à entamer des négociations directes avec le Fatah. La déclaration du mouvement islamiste précisait qu'un pas avait été fait vers la réconciliation suite aux efforts de l'Egypte. A la veille de cette décision, des négociations séparées avaient été organisées au Caire engageant des représentants du renseignement égyptien avec les délégués du Hamas, d'abord, puis du Fatah. Elles ont débouché sur une concertation des positions sur les questions les plus fondamentales. Par ailleurs, le dialogue interpalestinien et le processus de paix israélo-palestinien ont été inscrits à l'ordre du jour de la rencontre entre les délégués du Hamas et des diplomates russes à Moscou. Les experts notent que la Russie a grandement contribué à la cause de la réconciliation nationale en prônant une voix palestinienne commune dans les négociations avec les Israéliens. Cette position russe n'a jamais changé, bien que les Américains et Israël aient adopté une autre ligne, a noté Elena Souponina, conseillère du directeur de l'Institut russe d'études stratégiques. Des dirigeants de différentes organisations palestiniennes sont venus en Russie cet hiver, ce n'est donc pas la première visite d'une délégation du Hamas cette année, écrit Sputnik. Hormis les contacts directs avec les Palestiniens, la Russie a évoqué constamment cette question avec d'autres acteurs régionaux. Ainsi, l'Egypte voisine exerçait traditionnellement une grande influence sur les Palestiniens. Durant les entretiens avec les Egyptiens, les diplomates russes évoquaient ces derniers temps la nécessité existentielle d'une unification des Palestiniens. Parmi les grands acteurs, la Russie a apporté la plus grande contribution au processus de réconciliation entre les principales organisations palestiniennes . Toutefois, l'expert souligne également le rôle des acteurs régionaux dans le dialogue interpalestinien. Le blocus imposé par Israël à Ghaza a rendu impossible la gestion de ce territoire. L'aide humanitaire arrive rarement à la population victime de l'occupation de la Palestine par Israël. Les fonctionnaires de Ghaza ne perçoivent pas toujours leurs salaires. Le problème de la Palestine a été réduit à une question de salaires avec le drame enregistré à Ghaza. L'Egypte préoccupée par le terrorisme ne peut pas accepter un conflit à Ghaza qui pourrait bénéficier à Daech. Rami Abdallah attendu à Ghaza Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah est attendu prochainement à Ghaza après un geste d'assouplissement du Hamas à l'égard du Fatah, le parti au pouvoir en Cisjordanie occupée, a indiqué lundi un haut responsable. Reconnue par la communauté internationale, l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas est à couteaux tirés avec le Hamas islamiste depuis que celui-ci l'a évincée de la bande de Gaza au prix d'une quasi-guerre civile en 2007. Dimanche, le Hamas a annoncé la dissolution d'un conseil controversé perçu comme une entrave à l'unité palestinienne et appelé le Fatah à engager de nouvelles discussions de réconciliation. M. Hamdallah va rencontrer à Gaza des responsables du Hamas et réaffirmer l'autorité du gouvernement sur les ministères, a déclaré à des journalistes à Ramallah un haut conseiller de Mahmoud Abbas, Nabil Chaath. «Nous attendons (de voir) les premières mesures sur le terrain. Nous voulons voir M. Hamdallah reçu par le Hamas et les portes de tous les ministères ouvertes», a-t-il poursuivi. «Cela pourrait avoir lieu dans les prochaines 24 heures.» Il s'agira de la première visite du Premier ministre palestinien dans la bande de Gaza depuis 2015, année durant laquelle une précédente tentative de réconciliation avait échoué. L'annonce dimanche de la dissolution du «comité administratif» par le Hamas a été favorablement accueillie par l'ONU et le Fatah, qui l'avait perçu comme un gouvernement parallèle entravant la réconciliation. Depuis la création de ce comité en mars, M. Abbas a cherché à affaiblir le Hamas, bloquant notamment les versements de la facture de l'électricité fournie par Israël à Gaza, qu'il réglait. La population de l'enclave palestinienne ne reçoit ainsi que trois à quatre heures de courant par jour. Le président palestinien a également réduit les salaires de certains fonctionnaires à Gaza, tandis que le nombre d'habitants de l'enclave bénéficiant de permis de l'Autorité palestinienne pour voyager pour des soins médicaux a baissé. La bande de Gaza, qui compte quelque deux millions d'habitants, est soumise depuis dix ans à un rigoureux blocus d'Israël, doublé d'une fermeture quasi permanente par l'Egypte de sa frontière depuis 2013. Le Hamas a appelé lundi M. Abbas à «prendre des mesures urgentes pour annuler toutes ses décisions punitives contre notre peuple dans la bande de Gaza», selon un texte. M. Chaath a assuré que le président palestinien avait prévu de révoquer ces mesures, sans fournir de calendrier. De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a salué «les évolutions positives importantes» vers la réconciliation entre les deux rivaux. Ces derniers ont adopté la bonne attitude en privilégiant l'intérêt supérieur de la Palestine, a-t-il indiqué dans un communiqué de l'organisation panarabe basée au Caire. Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, s'est rendu cette semaine en Egypte. M. Abbas doit s'exprimer mercredi à l'Assemblée générale de l'ONU à New York, après une rencontre avec le président américain Donald Trump.