«Les intoxications alimentaires collectives ont connu une hausse croissante ces dernières années, enregistrant entre 4000 à 5000 cas par an». C'est la déclaration faite hier par Mohamed Ouahdi, directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors d'une conférence de presse portant sur les intoxications alimentaires et l'envenimation scorpionique. Il a avancé pour appuyer sa déclaration des chiffres alarmants dénombrés l'année dernière. «Les services sanitaires ont recensé, l'année dernière, 3267 cas d'intoxications alimentaires à travers le territoire national, dont le plus haut taux a été enregistré en été», a-t-il déclaré, avant d'ajouter que ce chiffre reste en deçà de la réalité, puisque la plupart des personnes préfèrent consulter leurs propres médecins, ou encore se contentent d'acheter des médicaments sans passer par un praticien de la santé. Selon le même intervenant «La propagation de l'intoxication alimentaire est due à la libéralisation du marché national, sans procéder à sa réglementation, au non-respect de la loi lors de l'octroi des registres du commerce et à l'absence d'associations de défense du consommateur». D'ailleurs, M.Ouahdi a profité de la rencontre pour mettre en garde «les citoyens contre l'achat de produits périssables vendus sur les trottoirs en été». L'intoxication alimentaire collective constitue, par ailleurs, un vrai danger public, selon l'intervenant, qui rappelle que la plupart de ce genre de fait survient généralement lors des fêtes ou rencontres familiales ainsi que dans certaines cités universitaires, où les conditions d'hygiène et de qualité ne sont pas respectées. Il citera dans ce sens l'exemple du drame survenu à Sétif en 1998, suite à la consommation de cachir périmé, ayant fait 345 cas de botulisme dont 42 morts. Le non respect de la chaîne de froid est cependant l'une des raisons majeures de l'augmentation des cas d'intoxication dans notre pays, spécialement durant la période estivale où les produits périssent rapidement, comme les produits laitiers, les œufs, les conserves et aussi les boissons, qui sont souvent exposées au soleil par le vendeur. Le directeur de la prévention au ministère de la Santé a évoqué également les plats de restauration rapide servis par les vendeurs saisonniers au niveau des plages, sans tenir compte des règles élémentaires d'hygiène, de froid et de stockage, mettant la vie des citoyens en danger. Il a, par ailleurs, imputé ce phénomène aux magasins de gros et aux commerces parallèles qui font dans les violations des règles de commerce et de santé, en exposant des produits périssables au soleil. Dans l'objectif de diminuer le nombre de risques d'intoxication alimentaire, M. Ouahdi a appelé à la prévention, en particulier en été où l'on enregistre le plus haut taux d'intoxications. Dans ce cadre, le conférencier a insisté sur le respect des règles d'hygiène et de prévention en vigueur dans les camps de vacances notamment en ce qui concerne l'eau, préconisant l'utilisation de l'eau potable du robinet et d'éviter celle des citernes, pour ne pas exposer les plus vulnérables aux intoxications et aux maladies. Il y a lieu de rappeler que le ministère de la Santé organise, tous les trois ans, des séminaires régionaux, destinés au recyclage des spécialistes des laboratoires de l'hygiène et du contrôle des eaux des différentes wilayas, outre des sessions de formation à l'Institut national de santé publique. Pour clore son intervention, M.Ouahdi a conclu que «le citoyen est le premier responsable de sa santé, en évitant de consommer les produits alimentaires achetés auprès des vendeurs ne respectant pas les règles d'hygiène, la chaîne de froid et la date de péremption».