Les intoxications alimentaires collectives sont en hausse constante, notamment à l'approche de la saison estivale. Le nombre de cas de toxi-infections alimentaires collectives pour le premier semestre de l'année en cours se chiffre à 2 400 cas, a indiqué le docteur Mohamed Ouahdi, directeur de la prévention, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à Alger. «Ce chiffre ne reflète pas la réalité du terrain dans la mesure où il y a des cas non déclarés qui se sont soignés eux-mêmes», explique-t-il. Ce problème de santé publique continue de sévir et met en danger la vie de milliers de consommateurs en Algérie et dans le monde. En moyenne, environ 5 000 cas d'intoxication sont enregistrés annuellement au niveau des établissements sanitaires. L'atténuation de ce phénomène, qui connaît une recrudescence durant la période estivale, passe par la prévention, selon le Dr Ouahdi, qui a appelé les citoyens à faire montre de vigilance et observer les conditions d'hygiène, notamment en se lavant régulièrement les mains. D'ailleurs, le spécialiste évoque les aliments incriminés qu'il classe selon le degré de gravité sur le consommateur. Il évoque en première position la pâtisserie qui cause des intoxications collectives, non seulement dans les mariages mais aussi dans les milieux universitaire et scolaire. Ce produit alimentaire, préparé généralement à base d'œufs, provoque un nombre important d'intoxications, précise le Dr Ouahdi, en expliquant que «les œufs doivent être conservés à une température de plus de 4°C, malheureusement on les trouve en vente sur les trottoirs, exposés au soleil, dans des marchés illicites». Autres causes citées par le spécialiste, le couscous, les viandes blanches et rouges, les produits laitiers et dérivés, les glaces… Le directeur de la prévention au ministère a fait savoir aussi que l'interruption de la chaîne du froid favorise la prolifération des bactéries causant, ainsi, le pourrissement des produits alimentaires. «Beaucoup de commerces éteignent leurs frigos la nuit alors que d'autres n'en possèdent même pas. D'autres, à l'exemple des vendeurs d'œufs, exposent leurs produits au soleil, alors que c'est formellement interdit», signale-t-il avec regret. Sur un autre volet, le Dr Ouahdi soulève le problème de l'envenimation scorpionique qui est en hausse vertigineuse, elle aussi. Selon lui, le nombre de cas enregistrés avoisine les 50 000 provoquant la mort de 70 à 80 personnes par an, dont près de 65% sont des enfants de moins de 5 ans, entre nourrissons et écoliers. Le coût de la prise en charge thérapeutique des 50 000 cas s'élève à 90 millions de dinars. «Le phénomène de l'envenimation scorpionique n'est plus l'apanage des wilayas du Sud et steppiques, dira-t-il ; des piqûres scorpioniques ont été enregistrées même à Bouzaréah, ce qui explique le fait que le phénomène est en phase de prendre de l'ampleur et demeure un problème majeur de santé publique.» Il préconise par ailleurs des mesures de prévention pour lutter contre ce problème de santé publique. Il cite comme exemple la commune de Aïn Sefra, dans la wilaya de Naama, qui a mis en application des mesures élémentaires ayant permis de faire baisser le nombre de victimes de 50% et ce, à travers l'éclairage public, le bitumage des routes, l'enlèvement des ordures et gravats, le nettoyage de l'environnement immédiat des habitations par la chasse aux scorpions. Cela, dira-t-il, doit être un exemple à suivre dans ce domaine. Par ailleurs, le directeur de la prévention de la tutelle relève l'existence de laboratoires pour le contrôle des aliments et de l'eau. L'organisation régulière de formations de laborantins pour les initier aux nouvelles techniques est inscrite au programme. Mais, cela reste insuffisant. N. B.