La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou abrite à partir d'avant-hier jusqu'à aujourd'hui (jeudi), la deuxième édition du salon du patrimoine immatériel, dont le coup d'envoi a été donné par la directrice de la culture, Nabila Goumeziane. Placée sous le thème : «Traditions de solidarité et de communion : cas de Tâachourt», cette manifestation, qui est devenue une tradition pour la wilaya, a pour objectif de présenter et de revisiter les différentes facettes de notre héritage patrimonial à travers des expositions, des conférences, des démonstrations et des représentations, de déclamations de poésie, des contes, des chants etc. «Nous avons voulu nous pencher sur la fonction sociale de l'Achoura et l'élan de solidarité et de partage, qui caractérise cet évènement festif porteur de valeurs qui lient les populations et les individus et renforce le sentiment de communion et d'échange. «Cette fête religieuse, qui coïncide avec le 10e jour du mois de Mouharram de l'an hégirien, est une fête religieuse musulmane pour laquelle notre population a hérité des traditions propres à sa région. Elle consiste à réunir l'ensemble des membres de la famille et du village pour célébrer et partager un moment festif dans une ambiance conviviale et collective», a affirmé la directrice, dans son allocution d'ouverture de ce salon. Elle a précisé que dans plusieurs localités, une waâda est organisée en cette circonstance, communément appelée Timechret. Elle consiste à sacrifier des veaux et les partager entre tous les citoyens du village. C'est aussi l'occasion de faire des dons aux nécessiteux. Selon la Sounna, il faut ce jour là, donner un dixième de sa fortune (laâchour) aux pauvres. Aussi, c'est une occasion pour les enfants de faire le tour de leurs villages respectifs afin d'amasser le maximum de denrées possibles qu'ils récoltent chez les adultes en entonnant un refrain connu par tout le monde «Tamlalt u bouafif». D'ailleurs, des conférences-débats seront débattus sur les valeurs de Achoura et ce, tout au long de ce salon, a-t-on précisé. La même responsable a mis l'accent sur la nécessité de transmettre le patrimoine culturel immatériel de génération en génération, puisqu'il procure un sentiment d'appartenance, d'identité et de continuité contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine, dira-t-elle. «Nous devrions veiller sur le patrimoine culturel immatériel puisqu'il comprend les éléments relatifs aux traditions, les expressions orales, les arts des spectacles, le savoir-faire lié à l'artisanat traditionnel, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers». Notons que ce salon a été organisé en hommage à El Hadi Aït Ouarès de la troupe de Lekhwan Nath Yahia, en guise de reconnaissance pour son long parcours artistique et les efforts fournis pour la sauvegarde et la préservation du chant religieux ancien (lemdhih) et de l'oralité d'expression amazighe. Outre les expositions abritées par la salle Zemirli,on notera que la journée d'hier a été particulièrement marquée par une série de conférences autour de Taâchourt et du patrimoine culturel immatériel animée par les représentants des zaouias et des chercheurs dont M Hamdad Amar de la zaouia Akal Abarkan de Beni Douala, M. Charif Mohand Amokrane de la zaouia Sidi Ali Moussa de Maâtkas et Galeze Ouiza, chercheur au CNRPH. Entre le festif et le spirituel A l'instar des autres fêtes religieuses, celle de l'Achoura ou Taâchourt, revêt un caractère un peu singulier en mariant le festif au spirituel. En Kabylie, cette fête est souvent célébrée avec faste avec en sus tout un ensemble de rituels qui l'accompagnent. Quelques jours à l'avance, les femmes en particulier s'adonnent aux préparatifs inhérents à cette célébration en préparant des mets assez singuliers, dont le couscous aux légumes secs, assaisonné de viande salée et séchée, connue sous le nom d'«Achedhlouh». Cette fête est aussi marquée par tout un ensemble de rituels auxquels prennent part, femmes, hommes et enfants. Dans certaines régions, notamment celles où l'on trouve des zaouïas ou autres mausolées de saints comme à Béni Douala (Akkal Aberkane), Bouzeguène (Sid Amar Oulhadj), Illoula Oumalou (Si Ahmed Ouedriss et Si Abderahmane Illouli), Mekla (Cheikh Amekrane Nath Zellal), Azazga (Sidi Behloul), Akerrou (Tifrith Ath El Hadj), etc., ce sont des moments de communion et de spiritualité qui envahissent les lieux.