Le président du Mouvement populaire algérien (MPA) Amara Benyounès a indiqué jeudi à Tizi Ouzou que le recours du gouvernement à la planche à billets est l'unique alternative pour sortir de la crise financière, car, selon lui, «le financement non conventionnel nous épargne l'endettement extérieur». S'exprimant devant les militants et sympathisants de son parti lors d'un meeting organisé à la maison de la culture Mouloud Mammeri, dans le cadre de la campagne pour les élections locales du 23 novembre, Amara Benyounès, tout en reconnaissant l'ampleur de la crise financière induite, selon lui, par la chute des prix du pétrole ayant entraîné la baisse de 60 % des recettes du pays, a soutenu la démarche du gouvernement Ouyahia de recourir au financement non conventionnel, c'est-à-dire la planche à billets pour combler le déficit du trésor. «Le financement non conventionnel demeure la seule solution même si elle n'est ni la meilleure, ni l'idéale mais pour le moment, c'est l'unique alternative», lance-t-il non sans égratigner au passage les opposants politiques et certains experts qui ont critiqué la démarche du gouvernement. «Ces gens ne font que refuser et ne proposent jamais de solutions. L'augmentation des impôts est rejetée le recours à l'endettement extérieur est aussi exclu, le financement non conventionnel, notamment la planche à billets, est rejeté. Que faire alors ?» s'interroge Amara Benyounès, et de répondre qu'«il faut d'abord éteindre le feu puis chercher les causes et apporter les solutions». Abordant la question en vogue du recours à l'argent sale, Amara Benyounès, tout en lavant son parti du recours à cette pratique, a tenu toutefois à incriminer d'autres partis d'avoir agi dans ce sens en monnayant leurs listes de candidatures. «Ce sont les responsables de partis politiques qui utilisent l'argent sale en vendant les premières places dans les listes électorales», lance-t-il avant de s'en prendre à ceux qui s'attaquant aux chefs d'entreprises, notamment ceux regroupés au sein du FCE. «Il faut déclarer la guerre à l'argent sale mais pas aux entreprises. Certains s'attaquent au FCE alors que les entreprises du secteur privé au sein des organisations patronales sont les plus saines. L'argent sale se trouve dans la drogue, l'informel et le terrorisme. C'est cet argent qu'il faut combattre», assène Amara Benyounès qui est revenu encore une fois sur la nécessité de libérer l'économie nationale de l'emprise de l'Etat en accordant l'initiative au privé dans la création des entreprises et encourager le partenariat entre le public et le privé. «La planche à billets est l'unique alternative» «L'avenir est dans le secteur privé. Aucun pays ne s'est développé avec le socialisme, y compris la Chine», affirme le chef du MPA, qui a également évoqué les questions politiques, notamment la prochaine élection présidentielle, en insistant sur la nécessité de respecter le choix du peuple loin de toute démarche en dehors des élections. «2019, c'est encore loin. Celui qui veut la place du président doit attendre les élections», tranche Benyounès, non sans lancer des flèches à l'adresse de ceux qui appellent au soulèvement populaire. «Certains appellent à des soulèvements pacifiques, mais il n'y a pas de soulèvement pacifique. Il suffit de voir ce qui se passe en Tunisie, en Libye, en Syrie et en Egypte pour se rendre compte que le recours à la rue est improductif», affirme Amara Benyounès, qui estime que «la stabilité et le développement immunisent le pays contre l'intervention étrangère». Saisissant l'occasion de sa présence à Tizi Ouzou, Amara Benyounès qui se revendique comme troisième force politique du pays en termes de nombre de candidats avec 850 listes à travers 46 wilayas, a tenu encore une fois à égratigner, sans le nommer, le parti FLN, qu'il accuse d'avoir imposé le système du parti unique, tout en déniant à ses responsables le monopole de la Révolution algérienne. «Certains veulent s'approprier le combat de tous les Algériens car ils prétendent que c'est seulement eux qui ont libéré le pays et qui l'ont construit. 63 ans après le déclenchement de la guerre et 55 ans après l'indépendance du pays, on parle encore de la légitimité historique. Il est grand temps de sortir de cette légitimité et de passer à la légitimité démocratique», lance le président du MPA, non sans faire endosser au parti FLN qui s'est approprié le pouvoir depuis l'indépendance tous les maux qui ont frappé le pays. «Le parti unique a été une catastrophe et un malheur pour notre pays. Il a été à l'origine des événements de 1988, de 1990, de 2001 et de la décennie noire», assène Amara Benyounès. Ali Chebli