Attaqué de partout comme dans une embuscade, Ahmed Ouyahia a fini par se rendre à l'évidence qu'il lui fallait faire le mort pour…survivre. Cela s'entend. Ce week-end, l'homme a dit un peu plus sur sa fameuse «rencontre avec son destin» programmée puis reprogrammée à plusieurs reprises. Notre collègue Redouane Bousague de Dzairnews lui a arraché le fin mot : «moi, j'ai un engagement avec le président Bouteflika, s'il décide de briguer un cinquième mandat, je le soutiendrai à fond et le RND sera au service de sa candidature.» Voilà qui est clair une bonne fois pour toute. On retiendra, que c'est la première fois qu'Ahmed Ouyahia tranche sur sa position sur la présidentielle 2019. A l'heure où il est régulièrement soupçonné – par Ould Abbes notamment et avant lui Saâdani – de vouloir fausser compagnie à Bouteflika et faire cavalier seul, le chef du RND, jure fidélité. Du coup, il permet de voir plus clair en prévision de 2019. Sans doute qu'Ouyahia n'est pas insensible aux appels de plus en plus audibles en faveur d'un cinquième mandat lancés par certains habitués – souvent intéressés – à cet exercice sonore d'allégeance. Chanter un autre air, aurait faussé la musique de l'orchestre du 5e mandat qui se met lentement, mais sûrement en place. L'éternel second se voit, donc, obligé de se déterminer clairement pour mieux voir. Au risque de se griller. En politique, le silence peut parfois se transformer en suicide. C'est désormais, chose faite. Sauf avis contraire du principal concerné, c'est-à-dire l'actuel président, Ouyahia qui aura 66 ans en 2019, ne sera pas au rendez-vous avec son destin. Cette clarification s'apparente à un quitus accordé au président, mais aussi à une cinglante mise au point au Secrétaire général du parti FLN qui a ouvert maladroitement et inutilement ce débat en plein campagne électorale pour les locales. Ceci pourrait, théoriquement, nous valoir un peu de répit avec les sorties médiatiques impromptues d'Ould Abbes dont le seul programme et la seule stratégie politique est de convoquer à chaque fois le président de la république. Il est vrai qu'il lui doit sa résurrection politique et son existence médiatique alors que son âge avancé lui commande de prendre sa retraite. Mais à force d'en faire un peu trop, il discrédite et son parti et la prochaine élection présidentielle dont il a tranché le résultat alors que le peuple est censé être souverain. Djamel Ould Abbes est devenu un amuseur de galerie. à chaque fois qu'il prenne la parole, c'est bonjour les dégâts. C'est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Polémique stériles, attaques gratuites, brosse et prose à reluire, gestuelle théâtrale… Le chef du parti FLN a usé et épuisé tous les modes de communications peu recommandables à un homme politique, qui plus est, à la tête du plus grand parti du pays. Il est vrai qu'avec lui à sa tête, le risque de voir le parti déraper de sa ligne est égal à zéro. Ceux qui l'ont catapulté à ce poste sensible peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Mais il est loin d'être un homme politique accompli qui pèse et soupèse ses mots. Ould Abbes est un profile atypique du paysage. Il peut énerver et ses partisans et ses adversaires. Sans doute qu'Ahmed Ouyahia a voulu aussi s'épargner de répondre à chaque fois aux piques venimeuses du Secrétaire général de l'ex-parti unique. En annonçant qu'il sera un supporter de «Bouteflika 5», il invite Ould Abbes à se calmer un peu.